Tadjikistan : Jugé lundi, le journaliste Daler Charipov doit être acquitté

A la veille de son procès prévu le 13 avril à Douchanbé, Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités tadjikes de libérer le journaliste Daler Charipov, accusé d’extrémisme.

MISE À JOUR AU 16/04/2020

Daler Charipov a été condamné à un an de prison, après un procès à huis clos qui a commencé le 15 avril. Le journaliste rejette catégoriquement l'accusation d'"extrémisme" mais ne compte pas faire appel pour l'instant. 


Le procès du journaliste Daler Charipov doit se tenir lundi 13 avril à Douchanbé, capitale du Tadjikistan. Arrêté le 28 janvier par les services secrets, il est poursuivi pour « incitation à la haine nationale, raciale, ethnique ou religieuse, et propagande » pour les Frères musulmans, un mouvement interdit dans le pays depuis 2006. Il risque jusqu’à cinq ans de prison (partie 1 de l’article 189 du code pénal). Pour étayer ces charges, le bureau du procureur général affirme s’appuyer sur « plus de 200 articles et commentaires au contenu extrémiste » publiés entre 2013 et 2019, sans préciser lesquels. Une accusation surprenante pour ce spécialiste des questions de religion qui s’est exprimé à plusieurs reprises contre l’extrémisme et le terrorisme.


« L’arrestation de Daler Charipov en amont des élections législatives de mars 2020, remportées sans surprise par le parti au pouvoir, et des élections présidentielles de novembre, est un nouvel avertissement des autorités aux voix critiques, estime la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Nous dénonçons ces charges absurdes et appelons à sa libération immédiate. »


Journaliste pour le site d’information indépendant Ozodagon à partir de 2013, jusqu’à sa fermeture forcée après des années de harcèlement en 2019, Daler Charipov écrivait notamment sur les violations des droits humains et des libertés religieuses. En mai 2012, il avait été hospitalisé après une violente attaque, restée impunie.


Le Tadjikistan occupe la 161e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse  établi par RSF en 2019. Le pays a perdu 45 places depuis 2015. Ces dernières semaines, la situation des journalistes s’est encore détériorée dans le contexte de l’épidémie de coronavirus.

Publié le
Updated on 16.04.2020