Taïwan : plainte abusive contre la correspondante du Financial Times
Le groupe Want Want China Times a attaqué en diffamation la correspondante du Financial Times qui avait dénoncé les ingérences chinoises au sein de la rédaction du quotidien taïwanais.
Le groupe China Times Media Group porté plainte pour diffamation la semaine dernière contre la correspondante du Financial Times Kathrin Hille suite à la publication d’un article dénonçant l'ingérence de la Chine dans le direction éditoriale de son quotidien. La journaliste, qui couvre la Chine et Taïwan depuis plus de 10 ans, a aussi été victime de harcèlement téléphonique et de messages malveillants après la publication de l'article.
Le groupe appartient au conglomérat agro-alimentaire taïwanais Want Want, très présent en Chine et dont le PDG Tsai Eng-Meng ne cache pas ses sympathies pour le régime de Pékin. Le groupe a aussi attaqué en justice l'agence de presse taïwanaise Central News Agency (CNA), qui avait publié des extraits de l’article.
« Le China Times abuse de la réglementation pour harceler une journaliste expérimentée dont le travail lui déplait », estime Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), qui juge les faits rapportés dans l’article « tout à fait plausibles compte tenu de l’engagement pro-Pékin assumé du groupe Want Want. »
Dans un rapport publié en mars, RSF citait un travail recherche mettant en évidence un changement radical dans la politique éditoriale du China Times après son rachat par Want Want en 2008. En avril, Want Want a aussi menacé de poursuivre Apple Daily, l'un des quatre plus grands quotidiens de Taïwan, qui affirmait qu'une des filiales du groupe aurait été subventionnée par les autorités chinoises.
Taïwan, une démocratie sur laquelle la République populaire de Chine revendique sa souveraineté, est victime ces dernières années d’ingérences croissantes de Pékin dans ses médias. En mai, le Bureau de la sécurité nationale de l’île avait aussi accusé certains médias locaux de recevoir des instructions de Pékin.
Taïwan est classée cette année 42ème sur 180 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse, tandis que la Chine est au 177ème rang.