Dans ce pays en guerre depuis plus d'une décennie, les reporters se voient interdire l'accès à des pans entiers du territoire. Outils de diffusion de l'idéologie baasiste, les médias sont fermés au pluralisme, poussant de nombreux journalistes à l'exil.
Paysage médiatique
La presse gouvernementale nationale, diffusée sur les trois supports radio, télévision et presse écrite, relaie la propagande d'État en suivant la toute puissante agence de presse SANA. Pour les autres médias, Facebook et les réseaux sociaux restent le principal outil pour la diffusion des publications car difficilement contrôlables, bien que surveillés. Un tiers des médias indépendants ou d’opposition sont aujourd’hui en exil, comme Enab Baladi.
Contexte politique
Bachar el-Assad et le parti Baas contrôlent la majeure partie de la presse syrienne. La révolution de 2011 a cependant divisé le paysage médiatique en deux camps : les pro-gouvernementaux et les médias indépendants. Lors des premières manifestations, le gouvernement a interdit aux médias internationaux et indépendants d'entrer dans le pays. Le manque de formation et d'indépendance financière des journalistes les contraint à rester sous la tutelle politique du gouvernement.
Cadre légal
La loi de 2021 sur la cybercriminalité, amendée en 2022, permet aux autorités de sanctionner les journalistes pour “diffusion de fausses nouvelles en ligne qui portent atteinte au prestige de la nation". En 2011, la loi sur les médias avait déjà renforcé le contrôle gouvernemental sur les rédactions, alors que la loi de protection contre la révolution promulguée en 1965, la loi antiterroriste de 2012 et le code pénal général sont autant de menaces contre la liberté de la presse.
Contexte économique
Alors que la plupart des médias syriens sont financés par l’État ou par des proches du pouvoir, les sanctions économiques mises en place contre le pays affectent autant le secteur de l’audiovisuel que les autres pans de la société. Les reporters se retrouvent sans activité s’ils n’obtiennent pas d’accréditation. Quant aux médias en exil, leur financement tient à la persévérance des journalistes qui veulent continuer à informer sur la situation en Syrie en toute liberté.
Contexte socioculturel
La polarisation de la société dans le conflit affecte à ce point la presse que certains journalistes se définissent comme “activistes des médias”. Leurs pages personnelles sur les réseaux sociaux remplissent le rôle de médias à part entière et constituent des sources d’information pour garder un œil sur la réalité du terrain. Chaque camp a ses propres codes, ses terminologies et ses sujets de prédilection.
Sécurité
Arrestations, enlèvements, tortures, assassinats… Les journalistes syriens sont souvent contraints à l'exil pour éviter les mauvais traitements ou la mort. Plusieurs d'entre eux, réfugiés en Turquie, ont été forcés de rentrer dans leur pays en 2019. Des centaines d'autres ont été menacés de la même procédure, ce qui les aurait exposés à une arrestation par les autorités syriennes ou à des exactions de divers groupes armés si les autorités turques n'avaient finalement pas renoncé à cette mesure.