Surveillance de médias étrangers par le BND, une “grave atteinte à la liberté de la presse”

Reporters sans frontières (RSF) se dit consternée par les révélations de l’hebdomadaire allemand “Der Spiegel”, selon lequel les services de renseignements extérieurs du pays (BND) ont espionné des journalistes de différents médias étrangers pendant plusieurs années.

Dans un article paru samedi 25 février 2017 dont quelques extraits avaient fuité la veille, l’hebdomadaire allemand révèle que le BND a placé sur écoute dès 1999 au moins 50 numéros de téléphone, de fax ou d’adresses électroniques de journalistes ou de médias sans préciser à quel moment la surveillance s’est achevée.


Plusieurs dizaines d’adresses ou de numéros de journalistes travaillant pour la BBC à Londres et en Afghanistan, pour la rédaction internationale de BBC World, pour le New York Times en Afghanistan ou encore pour l’agence Reuters en Afghanistan, au Pakistan ou au Nigeria figurent sur la liste qu’a pu se procurer le magazine allemand Der Spiegel.


Nous redoutions depuis longtemps que le BND espionne des journalistes dans le cadre de ses programmes de filtrage des données de communication, même s'ils n’étaient pas spécifiquement visés, déclare Christian Mihr, directeur exécutif du bureau de RSF à Berlin. {...} La réforme du projet de loi sur le BND votée à l’automne constituait déjà une violation manifeste de la Constitution car elle ne modifie en rien les pratiques actuelles de surveillance des journalistes par cet organe.”


“La surveillance ciblée révélée par Der Spiegel est une grave atteinte à la liberté de la presse, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Les journalistes devraient pouvoir travailler librement et en sécurité avec une protection totale de leurs sources, d'autant plus quand ils traitent de sujets sensibles. Nous craignons aujourd’hui que ces pratiques perdurent en dépit des appels lancés ces derniers mois afin que les procédés du BND soient mieux encadrés.”


Le Parlement allemand a voté une nouvelle loi sur la surveillance en octobre dernier où l’exception journalistique ne figure pas.

La loi autorise par exemple le BND à placer le New York Times sous surveillance si le journal reçoit des informations confidentielles que le gouvernement allemand considère comme sensibles.


L’Allemagne figure à la 16e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières pour 2016.

Publié le
Updated on 24.02.2017