Six mois de prison ferme pour Hafnaoui Ghoul
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Reporters sans frontières demande la libération immédiate de Hafnaoui Ghoul, correspondant du quotidien El Youm à Djelfa (150 km au sud d'Alger), placé en détention préventive le 24 mai au soir, puis condamné pour diffamation à six mois de prison ferme deux jours plus tard. Plus généralement, l'organisation dénonce vigoureusement les différentes tentatives du pouvoir de museler la presse, tant à Alger qu'en province.
" Les craintes exprimées le 24 mai par Reporters sans frontières au sujet de Hafnaoui Ghoul étaient malheureusement fondées. Après avoir reçu des menaces de mort pour ses enquêtes, ce journaliste a été mis en prison, au terme d'un procès expéditif. Cette incarcération vise à faire taire les correspondants locaux qui payent le prix fort pour leur témoignage sur la corruption des autorités et des notables locaux. Parallèlement à l'acharnement du pouvoir contre les grands patrons de la presse privée et ses journalistes à Alger, un autre tour de vis est donné en province. Avec cette mise au pas de la presse, les autorités cherchent à faire coïncider l'image du pays avec celle du discours officiel, qui prétend que la crise est terminée et que tout va bien depuis la reconduction du président Bouteflika. Cette situation est très dangereuse pour la liberté de la presse ", a déclaré l'organisation.
Le 24 mai dans la soirée, Hafnaoui Ghoul a été interpellé par des policiers en civil alors qu'il sortait de chez lui. Placé sous mandat de dépôt, pour une plainte en diffamation émanant du préfet de Djelfa, le journaliste a été incarcéré sur-le-champ. Le 26 mai, au terme d'un procès expéditif, il a été condamné à une peine de six mois de prison ferme et à 50 000 dinars (environs 600 euros) d'amende. Par ailleurs, il doit encore être jugé pour d'autres plaintes en diffamation déposées par le préfet, concernant des entretiens donnés aux quotidiens Le Soir d'Algérie et Le Matin, et pour un rapport publié dans El Djazaïr News dans lesquels il dénonçait notamment la répression dont sont victimes les correspondants de presse et la corruption qui mine la province de Djelfa.
Historien et responsable du bureau régional de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), Hafnaoui Ghoul était en résidence surveillée depuis le 15 février 2003 et subissait de fortes pressions de l'administration locale et des services de sécurité. Il avait révélé, entre autres, l'affaire des 13 bébés retrouvés mort à l'hôpital de Djelfa et différents abus de pouvoir du préfet local.
Reporters sans frontières est par ailleurs particulièrement préoccupée par le harcèlement dont est victime Le Matin et espère que le tribunal d'El Harrach (Alger), devant lequel le directeur du quotidien Mohamed Benchicou comparaîtra le 31 mai, mettra un terme à cette longue campagne de harcèlement.
Publié le
Updated on
20.01.2016