Asie - Pacifique
Singapour
-
Classement 2024
126/ 180
Score : 47,19
Indicateur politique
133
35.29
Indicateur économique
134
35.94
Indicateur législatif
162
30.58
Indicateur social
127
49.40
Indicateur sécuritaire
62
84.76
Classement 2023
129/ 180
Score : 47,88
Indicateur politique
155
38.75
Indicateur économique
116
42.40
Indicateur législatif
168
27.36
Indicateur social
132
51.99
Indicateur sécuritaire
74
78.89

Singapour, qui se vante d’être un modèle de développement économique, est un contre-modèle extrêmement préoccupant en ce qui concerne la liberté de la presse.

Paysage médiatique

Bien que Singapour se présente régulièrement comme une cité-État à la pointe du progrès, la liberté de la presse et l'indépendance éditoriale y sont peu respectées. Le Parti d'action populaire au pouvoir refuse l'idée que la presse soit un "quatrième pouvoir" ou un “organe de surveillance” des puissants, et les citoyens doivent composer avec une machine médiatique étroitement contrôlée par le gouvernement. Confrontés à de nombreux défis, les médias indépendants qui traitent des questions politiques et sociales sont donc peu nombreux. Les quelques portails d’information indépendants sont, petit à petit, réduits au silence à force de harcèlement des autorités, à l’instar du site The Online Citizen, contraint à la fermeture fin 2021. 

Contexte politique

Au pouvoir de façon continue depuis l’indépendance de Singapour en 1965, le Parti d’action populaire (People’s Action Party, PAP) du Premier ministre Lee Hsien Loong dispose d’un arsenal qui permet au gouvernement de nommer directement les membres des conseils d’administration et les rédactions en chef des grands médias. Charge à eux de faire respecter les lignes édictées par l’exécutif. Ce dernier décide également si un organe de presse étranger peut, ou non, être distribué ou diffusé dans la cité-État.

Cadre légal

Depuis la loi “anti-fake news” de 2019, l’exécutif peut “corriger” toute information qu’il jugerait fausse ou qui “diminuerait la confiance du public dans le gouvernement”. La loi sur l'ingérence étrangère, entrée pleinement en vigueur fin 2023, contient également un libellé trop large qui pourrait avoir un impact sur le travail des médias. En septembre 2023, le gouvernement de Singapour a mis en garde le chef du bureau du magazine britannique The Economist à Singapour contre toute ingérence dans la politique intérieure, simplement parce qu'il avait soutenu un nouveau média indépendant.

Contexte économique

Deux grands groupes détiennent l’ensemble de la presse papier, radio et audiovisuelle. Le premier, MediaCorp, appartient à une société d’investissement étatique. Le second, SPH Media Trust, a été créé après que Singapore Press Holdings a séparé ses activités liées aux médias en une nouvelle entité. Il s'agit d'une structure à but non lucratif qui reçoit un financement direct du gouvernement. Le président de SPH Media Trust est un ancien ministre du gouvernement PAP. Résultat, l’autocensure est généralisée, y compris au sein des médias indépendants qui, malgré des formes de financement alternatives, sont la cible d’un harcèlement judiciaire et économique exercé de façon systématique par l’exécutif.

Contexte socioculturel

Les lignes rouges implicites définissant les sujets interdits – les “Out of Bounds Markers” ou “bornes de hors-limites” –, suscitent la peur et l'autocensure, ce qui affecte la couverture de nombreux sujets perçus comme politiquement sensibles. La presse locale grand public ne souhaitant pas ou ne pouvant pas remettre en cause le discours du gouvernement, les citoyens n’ont accès qu’aux points de vue approuvés par l'État, sur des sujets tels que le travail ou les droits de l'homme.

Sécurité

Blogueurs et journalistes indépendants ont fait l'objet de poursuites judiciaires, avec des demandes de dommages et intérêts considérables, intentées directement par des membres importants du parti au pouvoir, dont le Premier ministre. Dans une société extrêmement connectée, les acteurs de l’information qui franchissent les lignes rouges peuvent également être cloués au pilori par des campagnes de dénigrement orchestrées par les partisans du parti au pouvoir.