RSF s’inquiète de la détention administrative d’un journaliste palestinien
Reporters sans frontières s’inquiète de la mise en détention administrative du correspondant de la chaîne saoudienne Al Majd, Mohamed Al Qiq. Ce dernier, suspecté d”incitation à la violence” a été arrêté le 21 novembre 2015 par les autorités israéliennes.
Le correspondant de la chaîne saoudienne islamique Al Majd, Mohamed al-Qiq, 33 ans, a été arrêté par des forces de sécurité israéliennes le 21 novembre 2015 à son domicile à Ramallah et mis en détention administrative le 20 décembre pour une durée de 6 mois. Accusé (sans, pour l’heure, qu’aucun chef d’inculpation officiel n’ait été délivré) d’ “incitation à la violence”, les autorités israéliennes ont attaqué son domicile, l’ont brutalement questionné avant de l’arrêter et de confisquer son matériel électronique. Le journaliste, qui proteste contre son arrestation, est en grève de la faim depuis plus de 50 jours. Dans un état de santé jugé critique, il a été transféré vers l’hôpital d’Afula.
Reporters sans frontières s’inquiète non seulement des conditions de détention du journaliste Mohamed Al-Qiq mais également des circonstances obscures de son arrestation. Bien que l’organisation ne soit pas en mesure de vérifier les motifs qui ont conduit à son interpellation, l’absence de charges officielles et l’opacité de la procédure conduisent RSF à demander aux autorités israéliennes de relâcher le journaliste ainsi qu’une enquête transparente et impartiale.
La détention administrative, prévue par le droit israélien, autorise l’incarcération d’un individu sans passer par un juge. Seul entre en ligne de compte le supposé risque pour la sécurité d’Israël.
La femme de Mohamed Al-Qiq, Fayha Chalach, a expliqué à RSF que son mari avait été largement interrogé sur son métier de journaliste lors de son arrestation par les forces de sécurité. Elle affirme qu’il a subi de mauvais traitements en détention, sans pouvoir accéder pleinement à un avocat.
Le frère du reporter, Islam Al-Qiq, en contact avec RSF, a déclaré que ce dernier a été interpellé sans raison valable, sinon celle d’exercer son métier. “Il s’intéressait à la situation politique en Cisjordanie (...) il couvrait les affrontements entre soldats israéliens et palestiniens et livrait des analyses de l’actualité”.
Mohamed Al-Qiq travaille depuis six ans pour la chaîne saoudienne. Il a déjà été arrêté par les autorités israéliennes en 2003 et 2004. Il a par ailleurs été condamné à 16 mois de prison en 2008 pour son militantisme au sein d’un Conseil étudiant de son université, soupçonné d’avoir des liens avec le Hamas.
Dans les rues de Ramallah mais aussi sur les réseaux sociaux, une campagne de soutien a été organisée par le média Al Majd et des confrères du reporter, membre du syndicat des journalistes palestiniens.
Cet incident intervient dans un climat particulièrement tendu entre Palestiniens et Israéliens. Depuis le début des violences, en septembre dernier, RSF a dénombré 3 fermetures de médias palestiniens et au moins 50 cas de journalistes agressés, dont certains volontairement visés par l’armée israélienne.