Le 15 novembre dernier, la journaliste
Nazeeha Saeed, correspondante pour la chaîne
France 24 et
Radio Monte Carlo Doualiya, a appris le refus du ministère de la justice de poursuivre son affaire devant la justice, arguant que les preuves étaient insuffisantes. Aucune poursuite pénale ne sera donc engagée. La journaliste bahreinie avait été
torturée et humiliée pendant 13 heures par des policières en 2011 au poste de police de Rifa’a lors de sa convocation pour avoir couvert des manifestations pro-démocratiques à Manama. Reporters sans frontières est profondément indignée par la décision de l’unité spéciale d’enquête chargée de surveiller les violations des droits de l’homme commises par les forces de sécurité et d’enquêter sur les faits.
“
Cette décision est inacceptable, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation.
L’affaire patine depuis des années, sans résultats tangibles ce qui révèle une absence de volonté réelle de faire la lumière sur ce cas. Les responsables de ces actes doivent être jugés, tout comme les personnes impliquées dans la chaîne de commandement. RSF demande aux autorités de prendre des mesures afin de mettre un terme à des années d’impunité.”
“Je regrette qu’après tous les témoignages que j’ai fournis, je ne puisse obtenir justice dans mon propre pays”, a déploré Nazeeha Saeed. La journaliste affirme que son affaire est bien documentée, qu’elle possède les preuves/informations nécessaires et exige une nouvelle enquête contre les agissements de la police.
Dans le cadre de la lutte contre la fin de l’impunité des crimes commis contre les journalistes, Reporters sans frontières défend depuis plusieurs années la
journaliste bahreinie. A l’occasion de la journée internationale pour la lutte contre l’impunité, le 2 novembre dernier, RSF a
rebaptisé la rue de l’ambassade du Bahrein à Paris du nom de la journaliste : “
rue Nazeeha Saaed”.
Son
affaire révoltante donne un aperçu du traitement des journalistes par les forces de l’ordre dans le pays. Aujourd’hui, et selon le recensement de RSF, huit journalistes et cinq journalistes-citoyens sont actuellement emprisonnés. Parmi
eux, les célèbres photojournaliste
Ahmed Humeidan et photographe freelance
Sayed Ahmed el Mousawi. Le procès de ce dernier, sans cesse reporté, est attendu le 23 novembre prochain. Il est accusé d’avoir donné des cartes SIM à des manifestants “terroristes” et avoir pris des photos des rassemblements anti-gouvernementaux. Sévèrement torturé en prison, il risque de cinq à 10 ans de prison.
Le Bahrein est 115e sur 180 pays au
Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.