RSF a protesté contre les dispositions du nouveau code de la presse, qui maintient notamment des peines de prison pour certains délits de presse. L'organisation demande au gouvernement que le texte soit réexaminé dans un sens plus libéral.
Reporters sans frontières (RSF) proteste contre les dispositions du nouveau code de la presse marocain qui sera présenté dans les prochaines semaines devant la chambre des conseillers. "L'adoption de ce texte constituerait une véritable menace pour la liberté de la presse. Il est notamment inadmissible qu'un journaliste puisse être condamné à cinq ans de prison pour un simple délit de presse", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Reporters sans frontières rappelle que dans un document du 18 janvier 2000, Abid Hussain, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, a demandé "à tous les gouvernements de veiller à ce que les délits de presse ne soient plus passibles de peines d'emprisonnement, sauf pour des délits tels que les commentaires racistes ou discriminatoires ou les appels à la violence (…)" et précisé que "l'emprisonnement en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion constitue une violation grave des droits de l'homme". L'organisation demande au gouvernement marocain que le texte soit réexaminé dans un sens plus libéral afin que la liberté de la presse y soit garantie.
Le 12 mars, les députés marocains ont adopté le projet de loi portant sur le code de la presse. Dans ce texte, les peines de prison punissant la diffamation du roi, des princes et des princesses ont été maintenues. Les auteurs de ces délits sont désormais passibles de trois à cinq ans de prison contre cinq à vingt ans de prison dans l'ancien code.
Par ailleurs, l'article 29 maintient le droit, pour le gouvernement, d'interdire des journaux marocains ou étrangers "si les publications concernées sont de nature à porter atteinte à l'islam, à l'institution monarchique, à l'intégrité territoriale ou à l'ordre public". En outre, le nouveau texte impose à l'exécutif de justifier toutes les saisies ou interdictions de journaux marocains ou étrangers. En 2001, pas moins de neuf journaux - dont sept étrangers - avaient été censurés pour avoir traité de sujets comme le Sahara occidental, la corruption ou surtout la personne du roi.
Reporters sans frontières s'inquiète également du renvoi "de fait" du journaliste Younès Moujahid du quotidien Al Ittihad Al Ichtiraki. L'entourage d'Abderrahmane Youssoufi, directeur du journal et Premier ministre, a signifié au journaliste, qui occupe également le poste de secrétaire général du Syndicat national de la presse marocaine (SNMP), qu'il n'appréciait pas ses déclarations contre la Direction de la surveillance du territoire (DST) et sa position critique à l'égard du projet de code de la presse. Depuis février, le journaliste ne perçoit plus de salaire et n'est plus sollicité pour aucun article.