RSF déplore l’insécurité grandissante pour les journalistes au Yémen
Reporters sans frontières (RSF) condamne la mort d’un correspondant yéménite pour des médias locaux le 21 juillet alors qu’il couvrait les combats aux côtés de l’armée dans la ville de Harad, au nord-ouest du pays. Les journalistes qui couvrent le conflit yéménite s’exposent inévitablement, parfois au péril de leur vie.
Abdelkarim Al-Jarbani, jeune correspondant de 25 ans pour les médias en ligne Ma’reb press et Yemen Al-Aan, a été tué le 21 juillet par un tir de sniper alors qu’il couvrait les affrontements entre rebelles houthis et les forces gouvernementales yéménites dans la ville de Harad, de la province frontalière de Hadja. Il accompagnait une des brigades de l’armée yéménite.
“RSF déplore la mort du jeune journaliste tué en plein exercice de sa profession”, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. “Au vu du danger que courent les professionnels des médias dans ce pays, de jeunes journalistes, souvent amateurs, prennent des risques importants pour combler le vide médiatique. RSF rappelle l’importance de former des journalistes à la couverture des conflits, en plus de la responsabilité des différentes parties au conflit dans la protection des journalistes en vertu de la résolution 2222 (2015) du Conseil de sécurité de l’ONU.”
Selon nos sources, de jeunes journalistes amateurs à peine diplômés collaborent avec des médias et vont sur le front sans toutefois porter de gilet pare-balles et sans avoir été formés à la couverture de guerre, ce qui les rend plus vulnérables et exposés à la violence du conflit.
Hicham Al-Chabili, qui collabore avec le site Yemen Monitor, a été blessé par des éclats d’obus le 11 et le 20 juillet dernier à des emplacements différents sur son corps, alors qu’il couvrait les combats dans la même ville.Selon le recensement de RSF, 14 journalistes et journalistes citoyens sont actuellement détenus par des groupes armés au Yémen. Les journalistes détenus par les houthis auraient été transférés vers une autre prison à Sanaa.
Il est extrêmement difficile de couvrir le conflit au Yémen. Les médias se répartissent et s’activent dans certaines villes du pays, en fonction de leurs occupants. A Sanaa, ce sont les médias proches des rebelles houthis et de l’ancien président Ali Abdallah Saleh; au sud à Aden, il existe certains médias indépendants et des médias plutôt proches du gouvernement de Abd Rabbo Mansour Hadi. RSF rappelle qu’un grand nombre de professionnels de médias ont soit cessé leur activité journalistique soit préféré quitter le pays.
RSF a récemment republié son Guide pratique de sécurité des journalistes, Manuel pour reporters en zones à risques, disponible en arabe, anglais, français et espagnol.
Le Yémen figure à la 170e place (sur 180) du Classement 2016 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.