RSF condamne l’attaque contre les locaux de deux médias en Argentine
Les locaux des sites d’information en ligne Revista Anfibia et Cosecha Roja ont été vandalisés à Buenos Aires. Des équipements et des documents sensibles ont été volés et une grande partie du matériel a été détruit.
Le 12 décembre 2016, les journalistes des rédactions Revista Anfibia et Cosecha Roja, qui partagent le même bureau dans la capitale argentine, ont découvert que leurs locaux avaient été saccagés et cambriolés pendant le week-end. Un ordinateur, un notebook, un projecteur et un enregistreur ont été volés, ainsi que l’argent qui se trouvait dans une caisse.
Contacté par RSF, le rédacteur en chef de Revista Anfibia, Martin Alé, a affirmé ne jamais avoir reçu de menaces. “Nous ne sommes pas dans la paranoïa, mais ne sommes pas non plus naïfs. Sur les 20 bureaux de l'immeuble, c'est celui qui héberge deux médias qui a été ciblé. Il s’agit d'un vol et d'un acte de vandalisme”.
Le bureau en question était régulièrement utilisé pour organiser des ateliers, des séminaires et d’autres activités ouvertes au public sur le thème du journalisme.
Une plainte a été déposée devant le tribunal fédéral N.10 à Buenos Aires.
“Reporters sans frontières condamne fermement cette attaque contre les locaux de Cosecha Roja et Revista Anfibia. La justice doit enquêter exhaustivement sur cette affaire et ne pas négliger la piste professionnelle, déclare Emmanuel Colombié, responsable du bureau Amérique Latine de l’organisation. La destruction et le vol de matériels et d’informations appartenant aux médias constitue une grave atteinte au droit à et à la liberté d’expression. Ces pratiques, courantes en Argentine, doivent être sévèrement réprimées et punies par les autorités ”.
Rappelons que le 4 juillet 2016, un groupe d’une vingtaine de personnes a attaqué et détruit les locaux et les équipements du quotidien El Tiempo Argentino. L’assaut visait à expulser de force la coopérative de journalistes en charge de gérer le journal.
RSF est par ailleurs préoccupée par l’ouverture d’une procédure judiciaire, le 13 décembre, à l’encontre du journaliste Alejandro Bercovich, animateur pour la chaîne d’info TV C5N et éditorialiste du quotidien BAE. La plainte a été déposée par Emiliano Yacobitti, directeur financier de l’Université de Buenos Aires (UBA) et l’un des dirigeants du parti politique UCR, qui reproche à Bercovich d’avoir relayé sur Twitter des informations sur un réseau de corruption au sein de l’UBA et de l'Hôpital Clinicas, dans lequel Yacobitti serait impliqué. Yacobitti demande des dommages et intérêts d’un montant de 75 000 pesos (environ 4500 euros) au journaliste. Bercovich, contacté par RSF, affirme qu’il n’a fait que son travail de journaliste en relayant des information publiques sur une personnalité publique. Cette procédure s’apparente à une tentative de censure, par la voie judiciaire, pour étouffer les affaires de corruption dans le pays.
L’Argentine est 54e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières.