RSF condamne avec force la décision des autorités égyptiennes de poursuivre 20 journalistes d’Al-Jazeera
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Reporters sans frontières est abasourdie par l’annonce faite par le ministère public égyptien, dans un communiqué publié ce 29 janvier 2014, selon laquelle vingt journalistes d’Al-Jazeera, accusés d’avoir porté “atteinte à l’unité nationale et à la paix sociale”, vont être jugés pour “diffusion de fausses informations”. L’organisation condamne vivement cette décision et réclame l’abandon de l’ensemble des poursuites contre ces professionnels des médias et la libération immédiate et inconditionnelle de ceux actuellement détenus. Le harcèlement à l’encontre d’Al-Jazeera et de ses journalistes doit cesser. Cet acharnement ne fait que renforcer le clivage au sein de la société égyptienne, de plus en plus polarisée, et décrédibliser davantage encore les autorités égyptiennes auprès de l’opinion publique internationale.
Sur ces vingt journalistes d’Al-Jazeera poursuivis, seize sont des ressortissants égyptiens. Le communiqué du parquet stipule qu’ils sont accusés d'appartenance à une "organisation terroriste" et d'avoir "porté atteinte à l'unité nationale et la paix sociale". Les quatre étrangers - deux Britanniques, un Australien et un Néerlandais - sont eux accusés de "collaboration avec (ces) Egyptiens en leur fournissant de l'argent, des équipements, des informations (...) et d'avoir diffusé de fausses nouvelles visant à informer le monde extérieur que le pays était en guerre civile".
Sur les vingt accusés, seuls huit sont détenus, les autres étant recherchés par les autorités. Le parquet n'a pas révélé l'identité des journalistes incarcérés. Parmi eux figurent, l'Australien Peter Greste, l'Egypto-Canadien Mohamed Adel Fahmy, responsable du bureau du Caire, et l'Egyptien Baher Mohamed, arrêtés le 29 décembre dans un hôtel du Caire,Abdallah Al-Shami, arrêté le 14 août dernier, Mohamed Badr, détenu depuis le 15 juillet.
Depuis la destitution de Mohamed Morsi, les médias et professionnels de l’information entretenant des liens directs ou indirects avec la confrérie des Frères musulmans, interdite le 23 septembre 2013, font l’objet d’un véritable acharnement de la part des autorités. Le 3 juillet, le pouvoir décide en effet de fermer quatre chaînes de télévision locales: Misr 25 du Parti de la Liberté et de la Justice (Frères musulmans), ainsi que Al-Hafiz, Al-Nas et Rahma connues pour leur soutien au président Morsi. En réaction à cette décision, une nouvelle chaîne égyptienne, Ahrar 25, voit le jour à la mi-juillet, remplaçant ainsi la chaîne censurée Misr 25. Deux jours plus tard, Nilesat, l’opérateur de satellites de télécommunications égyptien, bloque trois chaînes de télévision (pan)arabes: les chaînes palestiniennes affiliées au mouvement Hamas Al-Quds et Al-Aqsa, ainsi que la chaîne des Frères musulmans en Jordanie Al-Yarmouk. Le 3 septembre 2013, une décision de la chambre administrative du Conseil d’Etat prononce la fermeture des chaînes Al-Jazeera Mubasher Misr, Ahrar 25, Al-Quds et Al-Yarmouk, accusées de “menacer la paix sociale”, “publier des rumeurs et de fausses informations”, et d’“inciter à la haine et au désordre public”. Ce verdict politique est venu entériner des décisions arbitraires prises antérieurement à l’encontre de médias locaux et étrangers affiliés ou proches des Frères musulmans. Par ailleurs, le 28 août 2013, le ministre de l’Investissement, des Communications, des Technologies de l’Information et des Médias, déclare la chaîne Al-Jazeera Mubasher Misr illégale et interdite d’opérer en Egypte. Suite à la dégradation des relations entre la Turquie et l’Egypte, plusieurs médias turcs sont également pris pour cibles par les autorités égyptiennes. Le 10 septembre 2013, la police effectue un raid dans les locaux de la branche égyptienne du média officiel turc, TRT (Turkish Radio and Television Corporation). Le matériel de production, les enregistrements ainsi que les ordinateurs de la chaîne sont confisqués. Sous la pression des autorités, la direction de la chaîne décide de fermer temporairement le média. L’un des journalistes de la chaîne, Metin Turan, arrêté le 16 août dernier, a été détenu pendant 100 jours. Le 20 août 2013, les forces de police égyptiennes prennent d’assaut les locaux du média turc privé, Ihlas News Agency. Son directeur Tahir Osman Hamde, arrêté le même jour, est arbitrairement détenu jusqu’au 4 septembre 2013. Le 12 novembre 2013, le directeur du réseau d’informations Rassd, étiqueté pro-Frères musulmans, est arrêté à son domicile. On ignore toujours son lieu de détention et les motifs de son arrestation. Hani Salah Eddine, directeur de la rédaction de la chaîne Misr 25, est empêché de quitter le territoire égyptien le 28 novembre 2013. Convoqué par le procureur général, il est placé en détention le 1er décembre dans le cadre d’une enquête pour "diffusion d’informations mensongères" et "incitation à la violence".
Chronologie d’un acharnement
Depuis la destitution de Mohamed Morsi, les médias et professionnels de l’information entretenant des liens directs ou indirects avec la confrérie des Frères musulmans, interdite le 23 septembre 2013, font l’objet d’un véritable acharnement de la part des autorités. Le 3 juillet, le pouvoir décide en effet de fermer quatre chaînes de télévision locales: Misr 25 du Parti de la Liberté et de la Justice (Frères musulmans), ainsi que Al-Hafiz, Al-Nas et Rahma connues pour leur soutien au président Morsi. En réaction à cette décision, une nouvelle chaîne égyptienne, Ahrar 25, voit le jour à la mi-juillet, remplaçant ainsi la chaîne censurée Misr 25. Deux jours plus tard, Nilesat, l’opérateur de satellites de télécommunications égyptien, bloque trois chaînes de télévision (pan)arabes: les chaînes palestiniennes affiliées au mouvement Hamas Al-Quds et Al-Aqsa, ainsi que la chaîne des Frères musulmans en Jordanie Al-Yarmouk. Le 3 septembre 2013, une décision de la chambre administrative du Conseil d’Etat prononce la fermeture des chaînes Al-Jazeera Mubasher Misr, Ahrar 25, Al-Quds et Al-Yarmouk, accusées de “menacer la paix sociale”, “publier des rumeurs et de fausses informations”, et d’“inciter à la haine et au désordre public”. Ce verdict politique est venu entériner des décisions arbitraires prises antérieurement à l’encontre de médias locaux et étrangers affiliés ou proches des Frères musulmans. Par ailleurs, le 28 août 2013, le ministre de l’Investissement, des Communications, des Technologies de l’Information et des Médias, déclare la chaîne Al-Jazeera Mubasher Misr illégale et interdite d’opérer en Egypte. Suite à la dégradation des relations entre la Turquie et l’Egypte, plusieurs médias turcs sont également pris pour cibles par les autorités égyptiennes. Le 10 septembre 2013, la police effectue un raid dans les locaux de la branche égyptienne du média officiel turc, TRT (Turkish Radio and Television Corporation). Le matériel de production, les enregistrements ainsi que les ordinateurs de la chaîne sont confisqués. Sous la pression des autorités, la direction de la chaîne décide de fermer temporairement le média. L’un des journalistes de la chaîne, Metin Turan, arrêté le 16 août dernier, a été détenu pendant 100 jours. Le 20 août 2013, les forces de police égyptiennes prennent d’assaut les locaux du média turc privé, Ihlas News Agency. Son directeur Tahir Osman Hamde, arrêté le même jour, est arbitrairement détenu jusqu’au 4 septembre 2013. Le 12 novembre 2013, le directeur du réseau d’informations Rassd, étiqueté pro-Frères musulmans, est arrêté à son domicile. On ignore toujours son lieu de détention et les motifs de son arrestation. Hani Salah Eddine, directeur de la rédaction de la chaîne Misr 25, est empêché de quitter le territoire égyptien le 28 novembre 2013. Convoqué par le procureur général, il est placé en détention le 1er décembre dans le cadre d’une enquête pour "diffusion d’informations mensongères" et "incitation à la violence".
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Updated on
20.01.2016