RSF appelle la nouvelle Première ministre tunisienne à faire de la liberté de la presse une priorité de son gouvernement
Reporters sans frontières (RSF) demande à la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, de mettre en œuvre les engagements de la Tunisie en matière de liberté, d’indépendance et de pluralisme du journalisme sur la base du chapitre 2 de la Constitution tunisienne et des engagements internationaux du pays.
En Tunisie, le 29 septembre 2021, l’universitaire Najla Bouden a été chargée de former un nouveau gouvernement, deux mois après l’instauration de l’état d'exception. Un décret présidentiel (décret 117) accorde au président tunisien, Kais Saied, les plein pouvoirs, et notamment celui d’édicter les lois qui régissent l'information, la presse et l’édition. Or différentes atteintes au droit d'informer ont été recensées ces derniers jours. La nouvelle cheffe de gouvernement doit avoir pour priorité de concrétiser les engagements du président Saied à préserver les acquis de la dernière décennie en matière de liberté de la presse et de l’information.
“Il est primordial pour l’avenir de la jeune démocratie tunisienne que les journalistes puissent continuer à jouer leur rôle de contre pouvoir en informant les citoyens, déclare le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati. Nous appelons la cheffe du gouvernement à faire de la liberté de la presse une des priorités du nouveau gouvernement, et à tout mettre en œuvre pour que des garanties solides soient apportées, en concertation avec les représentants de la profession, pour garantir l’indépendance et le pluralisme des médias, conformément à la Constitution et aux engagements internationaux de la Tunisie.”
Plusieurs incidents ont suscité ces derniers jours l’inquiétude de RSF. Le jour même de la nomination de la nouvelle cheffe du gouvernement, le 29 septembre, plusieurs journalistes ont été violemment interpellés par des forces de police. La journaliste d’IFM Faïza Arfaoui a été verbalisée pour avoir filmé sans autorisation. Lilia Husseini, qui travaille pour la Radio Nationale, a été agressée physiquement par le policier qui l’a conduite au poste et confisqué son matériel. Le journaliste d'investigation Oussama Chaouali de l’émission TV "les quatre vérités" et son équipe ont pour leur part été arrêtés pendant plus de cinq heures, alors qu’ils enquêtaient sur un commerce d’ossements humains au cimetière du Jellaz.
Trois jours plus tôt, plusieurs journalistes ont également été confrontés à la violence des manifestants, qui protestaient contre les dernières décisions du président tunisien. Les journalistes Khoula Boukrim et le photojournalisme Aymen Touihri de Khashf média, Yosra Chikhaoui de Hakaek on line, Salma Ghizeni, du journal la Presse et Jihen Alouane de la Radio Nationale, ont été sommés de “dégager” et qualifiés de “collaborateurs des médias de la honte”. Les menaces proférées ont conduit les agents de sécurité à intervenir.
La Tunisie se classe 73e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.