RSF appelle la Chine à annuler l’expulsion de trois journalistes du Wall Street Journal
Reporters sans frontières (RSF) appelle le régime chinois à revenir sur sa décision d’expulser trois journalistes du Wall Street Journal suite à un éditorial portant sur la gestion de l’épidémie de coronavirus et jugé « raciste » par Pékin.
Le porte-parole du Ministère des affaires étrangères chinois, Geng Shuang, a annoncé mercredi 19 février que le gouvernement retirait leur accréditation à trois journalistes du quotidien américain Wall Street Journal (WSJ) en raison du titre jugé « raciste » d'un éditorial critiquant la gestion par la Chine de l’épidémie de coronavirus. Bien qu’ils n’aient pas pris part à la rédaction du texte en question, le directeur adjoint du bureau de Pékin du journal, Josh Chin, la journaliste Chao Deng, tous deux de nationalité américaine, ainsi qu'un reporter australien, Philip Wen, ont cinq jours pour quitter le pays. Cette sanction survient au lendemain de l'annonce par Washington, de la modification du statut de cinq médias publics chinois implantés aux États-Unis, désormais considérés comme des organes de propagande.
Reporters sans frontières (RSF) appelle Pékin à annuler immédiatement cette triple expulsion qui contrevient gravement au principe de liberté de la presse. « L’épidémie de coronavirus est un sujet d’intérêt majeur pour le public international et il est normal qu’un média d’information comme le Wall Street Journal publie des analyses et des opinions à ce sujet, insiste Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l'Est de Reporters sans frontières (RSF). « Si les autorités chinoises n’ont pas apprécié le ton de l’article en question, elles peuvent faire valoir leurs arguments par un droit de réponse, mais il n’est pas acceptable que les médias ou leurs employés soient l'objet de représailles. »
Le chantage au visa est une pratique courante du régime chinois pour faire pression sur les médias étrangers. Le 30 août dernier, un autre journaliste du Wall Street Journal basé à Pékin, Wong Chun Han, de nationalité singapourienne, avait ainsi été contraint de quitter le territoire suite à un article mettant en cause un cousin du président chinois Xi Jinping dans une affaire de corruption. Pas moins de neuf reporters ont dû quitter la Chine à l'expiration de leur carte de presse depuis 2013, parmi lesquels la correspondante du magazine français L'Obs, Ursula Gauthier, en 2015.
Le régime de Pékin est très critiqué pour sa gestion opaque de l’épidémie en cours de coronavirus, qui a déjà causé plus de 2 000 morts et infecté 70 000 personnes principalement en Chine. En janvier, de nombreux internautes chinois ont ont pris le risque d’exprimer publiquement leur mécontentement face à cette absence de transparence. Suite à quoi, les autorités ont répliqué en arrêtant deux journalistes-citoyens, Chen Qiushi et Fang Bin, plusieurs commentateurs politiques, et en durcissant la censure dans les médias et les réseaux sociaux.
La Chine se situe au 177e rang sur 180 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse 2019.