Des attaques alarmantes contre des journalistes iraniens exilés dans le pays, des poursuites judiciaires visant à museler les journalistes, des suppressions d'emplois généralisées et une faible confiance du public dans les médias ont marqué le paysage de la liberté de la presse au Royaume-Uni en 2023.
Paysage médiatique
Le paysage médiatique britannique continue de souffrir d’un manque de pluralisme : trois entreprises seulement – News UK, Reach, et le Daily Mail and General Trust – dominent le marché national, concentrant le pouvoir et l’influence entre très peu de mains. Le radiodiffuseur de service public, la BBC, est toujours sous pression, la question de son financement étant fortement politisée, tandis que le débat sur la propriété étrangère des journaux britanniques s'intensifie.
Contexte politique
Bien que le gouvernement ait assuré que la liberté des médias était une priorité, un climat politique restrictif a eu un impact sur la liberté de la presse au Royaume-Uni ces dernières années. Les détentions et interrogatoires de plusieurs journalistes entrant dans le pays, en vertu de la législation antiterroriste, ont constitué une évolution inquiétante dans un pays où les journalistes ont généralement toujours pu travailler librement. La détention de Julian Assange, qui attend d'être extradé vers les États-Unis, est également une source d'inquiétude.
Cadre légal
Des progrès ont été réalisés dans la lutte contre les poursuites abusives visant à réduire les journalistes au silence – connues sous le nom de procédures-bâillons ou SLAPP, pour Strategic Lawsuits Against Public Participation –, avec l'introduction d'une législation visant à contrer de telles poursuites liées à la criminalité économique. Bien qu'une loi plus large contre les procédures-bâillons soit encore nécessaire, la reconnaissance officielle par le gouvernement que de tels abus constituent un problème de sécurité pour les journalistes a été une bonne nouvelle.
Contexte économique
Les pressions budgétaires aggravées par la pandémie ont contraint de nombreux médias à mettre la clé sous la porte ou à réduire considérablement leur personnel. La menace de coûteuses poursuites en diffamation et la nature précaire du travail freelance ont empêché de nombreux médias et journalistes indépendants d’entreprendre des enquêtes sur des sujets sensibles et les ont contraints à recourir au financement participatif pour bénéficier d’un conseil juridique. Le développement d'initiatives visant à soutenir les reportages sur la démocratie locale a été une évolution bienvenue au cours des dernières années.
Contexte socioculturel
Au Royaume-Uni, si les journalistes sont généralement libres de travailler sans contraintes culturelles importantes, la polarisation politique expose de plus en plus les personnes à la critique et à l’intimidation, en particulier sur Internet. En Irlande du Nord, les journalistes sont toujours menacés par les groupes paramilitaires et le crime organisé. L'impunité qui persiste autour du meurtre, en 2001, du journaliste du Sunday World, Martin O'Hagan, a jeté une ombre sur le pays. Et personne n'a encore été condamné pour le meurtre de la journaliste Lyra McKee en 2019.
Sécurité
Les menaces contre les journalistes iraniens travaillant au Royaume-Uni se sont intensifiées en 2023. Le diffuseur Iran International a même été contraint de suspendre ses activités dans le pays pour des raisons de sécurité. Les journalistes exilés au Royaume-Uni sont confrontés à un large éventail de menaces transnationales, y compris des attaques en ligne souvent sexistes. La sécurité des journalistes reste également un sujet de préoccupation en Irlande du Nord, où ils sont menacés pour leurs reportages sur le crime organisé et les activités paramilitaires. La publication d'un plan d'action national pour la sécurité des journalistes en mars 2021 a été une étape bienvenue, bien que les progrès de la mise en œuvre aient été ralentis par la pandémie de Covid-19 et l'instabilité au sein du gouvernement.