Julian Assange rompt son silence lors d'une audience historique au Conseil de l'Europe
Après avoir fait profil bas depuis sa sortie de prison en juin, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange s'est exprimé publiquement pour la première fois devant une commission de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE). Il a réaffirmé les dangers que les poursuites dont il fait l’objet font peser sur le journalisme et la liberté de la presse. Reporters sans frontières (RSF) salue cette audition ainsi que le rapport de l'APCE et appelle l'Assemblée à adopter la résolution qui l'accompagne.
Lors d'une audition à Strasbourg, ce mardi 1er octobre, Julian Assange s'est adressé à la Commission des questions juridiques et des droits de l'homme de l'APCE dans le cadre du rapport de la Commission sur “la détention et la condamnation de Julian Assange et leurs effets néfastes sur les droits de l'homme”. Julian Assange a fait une déclaration liminaire de 22 minutes, puis a répondu aux questions des membres de l'APCE pendant près d'une heure, faisant part de sa fatigue peu avant de conclure. C'était la première fois que Julian Assange s'exprimait en public depuis qu'un accord a permis sa libération de la prison de Belmarsh à la fin du mois de juin. Il devrait retourner en Australie pour poursuivre sa convalescence après l'audience.
Dans son discours, Julian Assange a souligné qu'il était convaincu d'avoir été ciblé en raison de ses activités journalistiques. “Le problème fondamental est simple : les journalistes ne devraient pas être poursuivis pour avoir fait leur travail”, a-t-il déclaré. Il a expliqué qu'il avait choisi la liberté “plutôt qu'une justice peu fiable”, et a ajouté : “Je ne suis pas libre aujourd'hui parce que le système a fonctionné. Je suis libre aujourd'hui après des années d'incarcération parce que j'ai plaidé coupable de journalisme”. Il a alerté sur le fait que les journalistes restaient menacés en Europe et a exhorté l'APCE à agir pour que ce qui lui est arrivé ne se reproduise plus jamais.
“Le discours de Julian Assange devant le Conseil de l'Europe a été un moment historique, à la fois pour sa propre affaire et pour le combat plus large visant à renforcer les protections de la liberté de la presse en Europe. Nous saluons le rapport de l'Assemblée parlementaire qui souligne l'effet dissuasif des poursuites engagées contre Julian Assange et nous demandons l'adoption rapide de la résolution qui l'accompagne. Comme une grande partie de la communauté internationale, le Conseil de l'Europe a fait beaucoup trop peu pendant la période de détention de Julian Assange. Nous espérons que sa déclaration et les détails accablants du rapport serviront de signal d'alarme sur la nécessité d'une action concrète pour s'assurer qu'une telle chose ne puisse plus se reproduire en Europe.
Lors d’un débat en session plénière, le 2 octobre, la résolution accompagnant le rapport fera l’objet d’un vote de l'APCE. RSF a insisté pour que cette résolution soit adoptée afin de renforcer la protection de la liberté de la presse et du journalisme au sein du Conseil de l'Europe.
Rebecca Vincent, directrice des campagnes de RSF, avait déjà témoigné oralement devant la commission le 26 juin et avait rencontré la rapporteuse de l'APCE, Thorhildur Sunna Ævarsdottir, lors de sa mission d'enquête à Londres en mai. RSF a mené sans relâche une campagne pour la libération de Julian Assange en raison des implications dangereuses des poursuites qui le visaient pour le journalisme et la liberté de la presse dans le monde entier.
Le Royaume-Uni, État membre du Conseil de l'Europe, est classé 23e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF.
- Amérique
- États-Unis
- Europe - Asie centrale
- Royaume-Uni
- Asie - Pacifique
- Australie
- Détentions et procédures arbitraires
- Actualité
- Campagne
- Conseil de l’Europe
- Droits de l’Homme
- Liberté de la presse
- Liberté d’opinion et d’expression
- Droit à l'information
- Démocratie
- Détention arbitraire
- Emprisonnement
- Harcèlement judiciaire