Restrictions pour les médias étrangers et répressions pour leurs confrères iraniens
Organisation :
Reporters sans frontières dénonce le renforcement de la répression contre les journalistes iraniens et les restrictions qui s’appliquent à leurs confrères étrangers.
A deux jours du scrutin du 14 juin, le régime refuse toujours de délivrer des visas pour la grande majorité des professionnels de l’information étrangers qui en ont fait la demande. Plusieurs médias ont vu leur demande rejetée. Le 10 juin 2013, Ali Ahani, ambassadeur d’Iran en France, interrogé sur France Culture, a indiqué que les autorités iraniennes avaient reçu plus de 1000 demandes, et pas moins de 100 rien que pour la France. Autant de demandes à vérifier minutieusement, a expliqué le diplomate. Le Consulat d’Iran à Paris aurait selon lui délivré trente visas.
Daprès les informations recueillies par l’organisation, plusieurs journalistes, qui ont pu avoir un visa et sont actuellement en Iran, ont été empêchés de circuler librement dans la capitale. Ils ont notamment été interdits de couvrir les meetings des candidats soutenus par les réformateurs, et d’entrer en contact avec les opposants du régime ou les familles de prisonniers politiques.
Contacté par Reporters sans frontières, le journaliste d'un média international a déclaré, sous couvert d’anonymat, que, “pour chaque déplacement, une autorisation du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique est obligatoire. Concrètement, il faut leur dire qui on veut voir, où et quand ! Sans compter la surveillance des traducteurs imposés par le régime!”
Reporters sans frontières a appris l’arrestation d’Omid Abdolvahabi, journaliste du quotidien Mardomsalari et collaborateur du site Reforme à Téhéran, ainsi que de Hesamaldin Eslamlo, responsable des pages cultures de l’hebdomadaire Parsargard à Sirjan (sud-est du pays), respectivement les 4 et 8 juin. Les motifs de leur arrestation ainsi que le lieu de leur détention sont toujours inconnus. A ce jour, 54 journalistes et net-citoyens sont détenus en Iran pour leurs activités d’information.
Depuis le 15 mai dernier, la bande passante a été fortement ralentie, rendant difficile et parfois impossible l’accès au Web. Plusieurs sites, même les sites des agences officielles, ont été bloqués par le groupe de travail de détermination de contenus criminels. Le site de l’agence Mehrnews a par exemple été filtré pendant quelques heures avant d’être de nouveau rendu accessible suite à l’intervention du procureur du pays. Une centaine de journalistes travaillant pour des médias officiels ont d’ailleurs publié une lettre ouverte protestant contre “l’intensification du blocage de sites d'information en toute illégalité”. Le 8 juin 2013, l'agence officielle Isna a de son côté confirmé “la perturbation et inaccessibilité la messagerie Gmail”.
Le ministère des Renseignements continue d'exercer des pressions sur les familles de plusieurs journalistes iraniens travaillant pour des médias basés à l’étranger. Dans un communiqué de presse, Arman Mostofi, directeur de Radio Farda (Free Europe), a dénoncé ces pratiques d’intimidation et de représailles qui visent les familles de neuf de ses journalistes en Iran.
Le 12 juin 2013 marque le deuxième anniversaire de la mort en détention d’Hoda Saber, journaliste d’Iran-e-Farda. Haleh Sahabi, journaliste et activiste des droits des femmes, est décédée le 1er juin 2011 suite à des coups reçus lors de la cérémonie d’enterrement de son père. Les responsables de ces deux morts n’ont toujours pas été traduits devant la justice iranienne.
Publié le
Updated on
20.01.2016