A l'occasion de la visite à Paris du ministre tunisien des Affaires étrangères et de sa rencontre avec les autorités françaises, des militants de Reporters sans frontières ont manifesté devant l'Assemblée nationale pour protester contre l'emprisonnement de Zouhair Yahyaoui. Ce cyberdissident tunisien a été condamné en appel, le 10 juillet, à deux ans de prison.
Le 10 juillet, à l'occasion de la visite à Paris de Habib Ben Yahia, ministre tunisien des Affaires étrangères et de sa rencontre avec Edouard Balladur, président de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, des militants de Reporters sans frontières ont accroché des souris d'ordinateur aux grilles de la place du Palais-Bourbon pour protester contre l'emprisonnement de Zouhair Yahyaoui, cyberdissident tunisien. Ce dernier a été condamné, le même jour, à une peine de deux ans de prison par la cour d'appel de Tunis. L'organisation entend ainsi dénoncer la politique liberticide des autorités tunisiennes à l'égard d'Internet. Quelques heures plus tôt, le ministre tunisien avait rencontré au Quai d'Orsay son homologue français, Dominique de Villepin.
Une vingtaine de militants de Reporters sans frontières et la fiancée de Zouhair Yahyaoui ont accroché des dizaines de souris d'ordinateur aux grilles qui entourent la statue de la Loi et de la Justice, place du Palais-Bourbon, devant l'Assemblée nationale. Ils ont également déroulé une banderole sur laquelle était inscrit "Ben Ali, ennemi d'Internet" et portaient des pancartes sur lesquelles était indiqué "Tunisie : libérez Zouhair Yahyaoui". M. Noël Mamère (photo), député, membre de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale s'est joint à cette action de protestation et M. Jack Lang, député, a exprimé son soutien. Nadia Hammami (photo), la fille de l'opposant emprisonné Hamma Hammami et de l'avocate Radhia Nasraoui, actuellement en grève de la faim, était également présente pour témoigner des persécutions dont fait l'objet sa famille. Le 9 juillet, Reporters sans frontières avait adressé un courrier à Dominique de Villepin et Edouard Balladur leur demandant d'intervenir en faveur de la libération de Zouhair Yahyaoui.
Le 20 juin, le cyberdissident avait été condamné à un an de prison par la 4e chambre correctionnelle du tribunal de première instance pour "propagation de fausses nouvelles dans le but de faire croire à un attentat contre les personnes ou les biens". Il a également été condamné à un an et quatre mois pour "vol et utilisation frauduleuse de moyens de communication" et "vol au préjudice de l'employeur". D'après la défense, les faits retenus contre Zouhair Yahyaoui lui valant d'être condamné sont, entre autres, un message qu'il avait posté sur son forum de discussion libre, signé "Ettounsi", se faisant l'écho d'une rumeur selon laquelle une tentative d'attentat contre le palais présidentiel aurait été déjouée. D'autre part, nul doute que son lien familial avec le juge Mokhtar Yahyaoui, qui est son oncle, n'est pas étranger à son arrestation et à sa condamnation.
Zouhair Yahyaoui avait été arrêté, le 4 juin, par six policiers en civil dans un cybercafé. Le journaliste a ensuite été conduit à son domicile, où les policiers ont effectué une fouille de sa chambre et saisi son matériel informatique personnel. Au cours de son interrogatoire, il a été déshabillé et a subi trois séances de "suspension", méthode de torture où la personne est suspendue par les bras, avec les pieds touchant à peine le sol. C'est à l'issue d'une de ces séances que l'opposant a révélé le mot de passe de son site, permettant ainsi aux autorités de le bloquer. TUNeZINE est aujourd'hui inaccessible en Tunisie.
Zouhair Yahyaoui écrivait sous le pseudonyme "Ettounsi" qui signifie le Tunisien en arabe. Il avait fondé le site en juillet 2001 pour diffuser des informations sur la lutte en faveur de la démocratie et des libertés en Tunisie et publiait en ligne des documents de l'opposition. Il avait été l'un des premiers à diffuser la lettre dénonçant le système judiciaire du pays adressée au président de la République par le juge Mokhtar Yahyaoui. Du 26 au 28 mai, le journal avait organisé une conférence sur le thème du référendum et de l'organisation de l'opposition en Tunisie, qui avait connu une très forte participation.
Pour en savoir plus sur le site de Zouhair Yahyaoui : www.tunezine.com