A l'occasion de la présence du ministre cubain de la Culture à Paris, le 20 janvier, Reporters sans frontières rappelle que Cuba reste la plus grande prison du monde pour les journalistes, avec 30 journalistes emprisonnés à ce jour.
L'organisation a manifesté devant la Grande Arche de La Défense, pour protester contre la détention par les autorités cubaines de 30 journalistes cubains, dont 27 ont été arrêtés lors de la vague de répression sans précédent de mars 2003. La salle d'exposition qui se trouve sur le toit de la Grande Arche accueille une importante exposition d'art contemporain cubain, au vernissage de laquelle le ministre cubain de la Culture et l'ambassadeur de Cuba à Paris étaient conviés.
Entre le 18 et le 20 mars 2003, plus de 75 dissidents ont été arrêtés par les autorités cubaines et parmi eux 27 journalistes indépendants. Après des procès sommaires, ils ont été condamnés à des peines allant de 6 à 28 ans de prison. Ils ont été incarcérés dans des centres de détention généralement très éloignés de leur lieu de résidence, compliquant énormément les visites de leurs familles. Emprisonnés sous un régime de privations spécial pendant plusieurs mois, à l'isolement et dans des conditions particulièrement sévères, la plupart d'entre eux ont récemment été transférés dans des cellules collectives qu'ils partagent avec des prisonniers de droit commun.
Ce transfert n'est pas anodin : affaiblis par des mois de privations et de grève de la faim, les prisonniers de conscience se retrouvent à la merci des autres détenus et des gardiens. Le 31 décembre 2003, trois gardiens de la prison provinciale de Guantánamo ont ainsi violemment frappé Victor Rolando Arroyo Carmona, le blessant sérieusement à la jambe. Le 6 décembre, Juan Adolfo Fernández Saínz, un autre journaliste indépendant emprisonné, avait été agressé par un prisonnier de droit commun, sans que celui-ci ne soit inquiété. Ces transferts n'ont pas pour autant permis aux journalistes de bénéficier des avantages que devrait leur conférer ce nouveau régime : ils sont toujours soumis à des restrictions pour la fréquence des visites familiales, la réception de denrées alimentaires et de courrier.
Reporters sans frontières a manifesté à plusieurs reprises son inquiétude quant aux conditions de sécurité et d'hygiène auxquels les journalistes sont soumis, plusieurs d'entre eux souffrant de maladies chroniques qui nécessitent une attention spéciale, laquelle leur est régulièrement refusée par les autorités. Manuel Vazquez Portal, poète et journaliste indépendant, a ainsi été hospitalisé depuis le 5 janvier 2004, pour des problèmes aux poumons sur lesquels la famille n'a pas pu obtenir plus de détails. Reporters sans frontières a déclaré tenir les autorités pour responsables de l'état de santé de tous les dissidents emprisonnés.
A l'occasion d'une soirée de solidarité avec le peuple cubain "Cuba Si, Castro No", le 29 septembre 2003, Reporters sans frontières et l'association Sin Visa ont créé un comité de soutien à Raúl Rivero, lauréat du Prix Reporters sans frontières - Fondation de France en 1997, qui est, aux yeux du monde, l'une des figures emblématiques de la dissidence cubaine privée de parole. Il est notamment constitué de :
Laure Adler, Philippe Augier, Michel Broué, Elisabeth Burgos, Marielle de Farnez, Paolo Flores d'Acais, Dario Fo, Ileana de la Guardia, Romain Goupil, Michel Grangé, Lazaro Jordana, Jack Lang, Noël Mamère, Eduardo Manet, Robert Ménard, Carlos Monservais, Edgar Morin, Hugues Quester, Franca Rame, Cristina Rivero, André Rossinot, Jorge Semprun, Yves Simon, Antonio Tabucchi...
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"Cuba, la plus grande prison de journalistes au monde".