Avant sa visite à Cuba du 24 au 27 mars, Reporters sans frontières en appelle au commissaire européen au Développement Louis Michel pour réclamer la libération de tous les détenus politiques, parmi lesquels les 21 journalistes encore emprisonnés depuis mars 2003.
Monsieur le Commissaire européen,
Vous allez effectuer une visite à Cuba du 24 au 27 mars. Vous serez reçu par le vice-président, Carlos Lage Davila, par le ministre des Relations extérieures, Felipe Pérez Roque, par la ministre de l'Investissement extérieur et de la Coopération, Marta Lomas Morales et par le président de l'Assemblée nationale, Ricardo Alarcon. Vous rencontrerez également le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane. Reporters sans frontières voudrait, à cette occasion, attirer votre attention sur le sort des 21 journalistes encore emprisonnés à Cuba depuis la vague répressive de mars 2003. Il est indispensable que l'Union européenne rappelle, chaque fois que possible, sa ferme volonté de voir l'ensemble des détenus politiques cubains libérés au plus vite.
Les journalistes s'appellent Víctor Rolando Arroyo Carmona, Pedro Argüelles Morán, Mijail Barzaga Lugo, Adolfo Fernández Saínz, Alfredo Felipe Fuentes, Miguel Galvan Gutiérrez, Julio César Gálvez Rodríguez, José Luis García Paneque, Ricardo González Alfonso, Alejandro González Raga, Ivan Hernández Carrillo, Normando Hernández González, Juan Carlos Herrera Acosta, Marío Enrique Mayo Hernández, José Ubaldo Izquíerdo Hernández, Héctor Maseda Gutiérrez, Pablo Pacheco Ávila, Fabio Prieto Llorente, Alfredo Manuel Pulido López, Omar Rodríguez Saludes et Omar Moisés Ruiz Hernández. Tous ont été condamnés en août 2004, à l'issue de parodies de procès, à des peines allant de 14 à 27 ans de prison. Leur crime ? Exercer la profession de journaliste hors des médias autorisés par le pouvoir de La Havane.
Cellules insalubres, eau non potable, privations de visites, mauvais traitements, absence de soins médicaux alors que la santé de la plupart d'entre eux se dégrade de jour en jour… voilà le prix quotidien que doivent payer 21 hommes « coupables » d'avoir voulu informer librement et de penser autrement que le pouvoir. Ces 21 journalistes, Monsieur le Commissaire européen, courent un grave danger s'ils sont maintenus plus longtemps en détention.
En marge d'une visite au Parlement européen le 8 mars, Felipe Pérez Roque avait affirmé que son pays était prêt à faire des « gestes clairs », si l'Union européenne s'abstenait de condamner Cuba lors du prochain vote de la Commission des droits de l'homme à Genève.
Nous vous prions, Monsieur le Commissaire européen, de mettre M. Pérez Roque face à ses responsabilités et lui rappeler à quels « gestes clairs » l'engage une telle demande : la libération immédiate et sans condition de tous les dissidents cubains et en particulier des 21 journalistes injustement emprisonnés.
La liberté de la presse fait partie intégrante de ces libertés publiques que l'Union européenne se fait fort d'incarner, de protéger et de défendre. Cuba n'a rien à exiger de l'Union européenne sans ce préalable fondamental : cesser d'être la deuxième plus grande prison du monde pour les journalistes.
Dans l'attente de ce « geste fort » de votre part en direction des autorités cubaines, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Commissaire européen, l'expression de notre haute considération.
Robert Ménard
Secrétaire général
Fernando Castello
Président