Reporters sans frontières exprime son inquiétude face à la multiplication des suspensions et des saisies de journaux indépendants
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La presse indépendante subit, depuis mai 2003, une intensification de la censure. Tous les journaux imprimés à l'extérieur du pays sont interceptés et leur contenu est examiné avant d'être autorisé. Sub-Version, La Sagaie, et Misamu sont interdits depuis plusieurs mois. L'Autre Journal a été suspendu le 18 décembre 2003, trois jours après le décès, dans des conditions non encore élucidées, de son rédacteur en chef, Marco Bokoukou Boussaga.
"La presse indépendante subit de plus en plus de pressions depuis quelques mois. Interdictions de diffusion, saisies, procès : tout est mis en œuvre pour faire taire les voix discordantes et contrôler le contenu de l'information. Nous exhortons les autorités à lever les interdictions qui visent Sub-Version, Misamu, La Sagaie, et L'Autre Journal", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "La mort, dans des circonstances obscures, de M. Boussaga, soulève beaucoup de questions. Nous demandons aux autorités de mener une enquête approfondie et transparente sur les causes exactes de son décès", a-t-il ajouté.
Le bimensuel L'Autre Journal, lancé mi-novembre, a été suspendu officiellement le 18 décembre, pour une durée indéterminée. Le CNC a justifié cette mesure par "le caractère diffamatoire des articles intitulés "Absences répétées et prolongées du chef de l'Etat" et "Le Gabon paie les salaires des fonctionnaires centrafricains", parus dans le premier numéro du bimensuel. De plus, le CNC affirme que L'Autre Journal n'aurait pas respecté les modalités d'enregistrement de ses employés et du dépôt légal. Des exemplaires du deuxième numéro ont été saisis le 12 décembre par la police à l'aéroport de Libreville.
Le 15 décembre, trois jours avant la notification de la suspension, le rédacteur en chef du journal est décédé des suites d'hémorragies soudaines au nez et aux oreilles, en rentrant d'un dîner avec
des autorités locales. D'après
les informations recueillies par Reporters sans frontières,
M. Boussaga ne souffrait d'aucune maladie. Sa famille s'est refusée à tout commentaire et a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas qu'une autopsie ait lieu.
Le 12 mai, le CNC avait ordonné que le bimensuel Misamu cesse ses publications pour avoir mis en cause un haut fonctionnaire dans une affaire de meurtre. Le 17 septembre, le numéro trois de Sub-Version, imprimé au Cameroun, avait été saisi à l'aéroport international de Libreville et quatre membres de la rédaction avaient été interpellés. Le bimensuel était accusé d'inciter la population à l'"insurrection" et de vouloir "déstabiliser les institutions républicaines". Enfin, le 23 septembre, La Sagaie avait été interdit pour une durée indéterminée et accusé d'"appel au tribalisme" et de "menace à la sûreté de l'Etat". Aucune de ces suspensions n'a été levée.
Publié le
Updated on
20.01.2016