Reporters sans frontières en appelle au Président somalien pour préserver la presse du harcèlement dont elle est victime
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Dans une lettre adressée aux autorités somaliennes, Reporters sans frontières a demandé à Abdullalhi Yusuf Ahmed, le président somalien et ancien Président de la région autonome du Puntland (nord-est du pays), d'intervenir au plus vite auprès du vice-président Hassan Dahir Afqurac, qui a fait interdire la parution de l'hebdomadaire Shacab (La voix du peuple) jusqu'à nouvel ordre, suite à un décret prononcé le 5 mai 2005 après la réunion du Conseil des ministres.
« Reporters sans frontières tient à vous rappeler qu'au moment où la Somalie entame sa reconstruction, il est particulièrement inquiétant que la presse d'opposition fasse l'objet de mesures répressives et arbitraires. Ainsi, tant pour la stabilité du pays que pour la mise en place d'une démocratie sérieuse, la presse, qu'elle soit critique ou non envers le gouvernement, ne doit plus être victime des enjeux politiques et les journalistes doivent être assurés de pouvoir travailler librement sans entraves ni peur des représailles », a écrit l'organisation dans sa lettre.
« Nous ne pouvons tolérer de telles atteintes à la liberté, qui, si elles n'étaient pas corrigées au plus vite, laisseraient présager du pire pour la démocratie somalienne et nous vous demandons instamment, Monsieur le Président, d'intervenir auprès de Hassan Dahir Afqurac, afin qu'il revienne sur sa sanction sans autre condition», a ajouté l'organisation.
Le décret prononcé le 5 mai, qui ordonnait la fermeture immédiate du journal, précisait que « les articles publiés récemment dans Shacab, étaient à l'origine d'une crise qui aurait pu déboucher sur des violences. Ainsi, le gouvernement du Puntland se devait de prendre des décisions constitutionnelles pour sauvegarder l'unité et la sécurité du pays ainsi que l'intégrité de la presse, en suspendant temporairement le journal ».
Depuis le mois dernier, le journal Shacab est victime d'un acharnement des autorités du Putland. Dans la semaine du 20, les forces de sécurité ont arrêté deux journalistes de cette publication, Abdirashid Qoransey et son rédacteur en chef Abdi Farah Nur, qui, après avoir été incarcérés et jugés, ont finalement été acquittés quelques jours plus tard. Ils étaient accusés « d'incitation à la violence et d'insulte au Président », suite à la rédaction de deux articles critiquant les autorités. Les locaux du journal avaient par ailleurs été endommagés.
Depuis leur relaxe, la pression n'est pas retombée. Dès le 28 avril, des représentants du gouvernement et du ministère de l'Information ont effectué plusieurs visites à la rédaction au sujet des autorisations de licence et du paiement de taxes supposées impayées par Shacab, menaçant par la même occasion de fermer le journal.
Publié le
Updated on
20.01.2016