Reporters sans frontières demande aux autorités de libérer sans condition Marc Garmirian (photo), de l'agence Capa, et Jean-Daniel Guillou, photographe de l'agence Synchro X, détenus depuis le 25 octobre 2007 à Abéché (Est du pays). Les deux journalistes ont été arrêtés alors qu'ils couvraient la tentative d'évacuation d'enfants africains vers la France, à l'initiative de l'association l'Arche de Zoé. Relater un événement ne signifie pas en être complice.
Reporters sans frontières demande aux autorités tchadiennes de libérer sans condition Marc Garmirian, reporter de l'agence Capa, et Jean-Daniel Guillou, photographe de l'agence Synchro X, détenus depuis le 25 octobre 2007 à Abéché (est du Tchad). Les deux journalistes ont été arrêtés avec des membres de l'association L'Arche de Zoé, à l'initiative d'une tentative avortée d'évacuation d'enfants africains vers la France. Marc Garmirian et Jean-Daniel Guillou n'ont fait qu'exercer leur métier en voulant relater cette opération controversée.
"Un journaliste couvrant un événement doit-il en être considéré comme le complice ? Un observateur n'est pas un acteur. Quel que soit le sentiment qu'inspire cette entreprise, la responsabilité morale de celle-ci ne peut incomber aux professionnels des médias qui voulaient y consacrer un sujet. Marc Garmirian et Jean-Daniel Guillou n'ont fait que leur métier. A ce titre, les autorités tchadiennes doivent les libérer sans délai et sans condition. Nous les appelons également à ne pas instrumentaliser une telle affaire au nom de considérations géopolitiques, en tirant partie de l'écho médiatique qu'elle suscite", a déclaré Reporters sans frontières.
Marc Garmirian, journaliste reporter d'images de l'agence Capa (photo ci-dessus, (c) Capa TV), et Jean-Daniel Guillou, photographe de l'agence Synchro X, basée à Angoulême, ont été arrêtés, le 25 octobre, par les militaires tchadiens alors qu'ils effectuaient un reportage sur l'évacuation de 103 enfants africains vers la France, à l'initiative de l'association L'Arche de Zoé. Au total, neuf ressortissants français, dont les deux journalistes, et les sept membres d'équipage espagnols de l'avion affrété par l'association sont détenus.
D'après L'Arche de Zoé, l'opération, élaborée au cours des trois derniers mois, avait pour but de mettre à l'abri, au sein de familles d'accueil françaises, de jeunes orphelins de la région soudanaise du Darfour, réfugiés au Tchad. Les autorités de N'Djamena ont aussitôt soupçonné les responsables de l'association de "trafic d'enfants". Leur garde-à-vue, de quarante-huit heures - renouvelables et renouvelées une fois - doit expirer dans l'après-midi du lundi 29 octobre.
Selon l'avocat William Bourdon, mandaté le 28 octobre avec deux de ses collègues tchadiens pour défendre Marc Garmirian, "le juge en poste à Abéché étant malade, l'un de ses collègues venus de N'Djamena devrait le remplacer au pied levé mais ne serait pas susceptible d'arriver sur place avant trois ou quatre jours. Or, en l'absence de juge, impossible de notifier des charges et d'inculper". A l'issue de leur garde-à-vue, et en attendant le juge, "le procureur d'Abéché va ordonner une mise à disposition de la justice des seize prévenus", a poursuivi maître Bourdon, pour qui une mise en examen de Marc Garmirian, journaliste, est tout simplement "inconcevable". Marc Garmirian suivait les activités de L'Arche de Zoé depuis la mi-septembre. Son agence l'avait envoyé au Tchad, le 17 octobre.
Jean-Daniel Guillou avait fait connaissance avec des membres de l'association en Indonésie, après le tsunami de décembre 2004. "Il suivait leurs activités au Tchad depuis le début, il y a trois mois. Il était arrivé sur place le 16 septembre et devait rentrer en France le 20 octobre. Son billet d'avion était pris mais il avait décidé de rester pour couvrir le décollage vers la France de l'avion d'enfants. Il nous a adressé un SMS de son portable : 'au 26 octobre à 14h15', c'est-à-dire la date et l'heure de l'atterrissage des enfants en France. C'est la dernière fois que nous avons eu de ses nouvelles", a expliqué un responsable de Synchro X à Reporters sans frontières. Fondée sous forme de collectif en 1999 à Angoulême, devenue société le 12 juillet 2006, l'agence emploie trois photographes et une journaliste. Elle n'a, pour l'heure, pas mandaté d'avocat pour son employé détenu.
Parmi les seize personnes arrêtées au Tchad figure une autre journaliste, Marie-Agnès Peleran, de la rédaction de France 3 Méditerranée. Plusieurs sources ont confirmé à Reporters sans frontières que "cette journaliste n'était pas présente au Tchad à titre professionnel, mais pour des raisons personnelles". La direction régionale de France 3 à Marseille n'a pas souhaité s'exprimer plus avant sur ce cas.