Reporters sans frontières demande aux autorités et au Parti communiste népalais (maoïste) de faire cesser les menaces sur les journalistes et les entraves à la liberté de la presse
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Depuis l'annonce de la fin du cessez-le-feu par le Parti maoïste (CNP-M), le 27 août, les journalistes népalais sont les cibles de nombreuses violences tant de la part des rebelles que des forces de sécurité gouvernementales. Reporters sans frontières est vivement préoccupée par la rapide augmentation des entraves faites à la circulation de l'information et des menaces que les belligérants font peser sur la sécurité et la vie des journalistes. Qu'ils soient suspectés de sympathie avec le mouvement maoïste ou d'espionnage au service de la police du gouvernement, les journalistes sont trop souvent les victimes des luttes politiques. S'adressant au Premier ministre Surya Bahadur Thapa ainsi qu'au Dr. Baburam Bhattarai, dirigeant du Parti communiste népalais (maoïste), Reporters sans frontières demande aux autorités et aux rebelles maoïstes de mettre fin aux assassinats, enlèvements et arrestations de journalistes qui se sont multipliés au cours de ces deux derniers mois.
Gyanendra Khadka, journaliste pour l'agence de presse gouvernementale Rastriya Samachar Samiti (RSS), a été sauvagement assassiné, le 7 septembre, par des individus identifiés comme des rebelles maoïstes, dans le district de Sindhupalchowk (au nord-est de Katmandou). Agé de trente-cinq ans, Gyanendra Khadka, également enseignant dans le village de Jyamire, était en classe lorsque des hommes ont fait irruption pour le faire sortir et l'attacher à un pilier. Le journaliste a alors été égorgé en public. Gyanendra Khadka avait participé à de nombreuses publications : il avait notamment été pendant plusieurs années le correspondant du Nepal Samacharpatra, un des plus grands quotidiens népalais, dans la vallée de Melamchi.
Resham Birahi, responsable national de la Fédération des journalistes népalais (FNJ), a été menacé, le 28 août, à Dhamboji Chouk de Nepalgunj, dans le district de Banke (ouest du pays), par des membres de la rébellion. Le journaliste avait critiqué la guerre en train de se dérouler. Des rebelles lui auraient déclaré : "La guerre qui a lieu sera décisive. Vous ne devez pas écrire ce que bon vous semble à notre égard."
A Janakpur (sud du pays), des journalistes ont confié au correspondant de Reporters sans frontières être régulièrement l'objet de pressions de la part des maoïstes. Ces derniers exigent une couverture plus importante de leurs actions et n'hésitent pas à entraver la diffusion de l'information.
Les forces de sécurité mettent elles aussi en œuvre une répression très sévère à l'égard des journalistes.
La police a interpellé, le 11 septembre à Katmandou, une trentaine de journalistes qui manifestaient en réaction au meurtre de Gyanendra Khadka. Les manifestants défilaient dans le calme lorsque les forces de l'ordre se sont interposées, se réclamant de la récente interdiction d'organiser des rassemblements publics. Emmenés au poste de police, les journalistes ont été relâchés quelque quinze minutes plus tard.
Subhashankar Kandel, directeur de l'hebdomadaire Jana Dharana et ancien correspondant du quotidien Nepal Samacharpatra dans le district de Baglung (ouest du pays) a été enlevé à son domicile le 9 septembre par une douzaine d'hommes en civil. Membre de la rédaction d'une chaîne de télévision privée récemment inaugurée à Katmandou (Image Metro Channel), le journaliste semble être suspecté de sympathie maoïste. Sa maison a été fouillée et toute la littérature de tendance communiste confisquée par les forces de sécurité. Son épouse s'en est remise au gouvernement.
P.B Diyali, journaliste au très populaire quotidien Blast Times dans le district de Sunsari (est du pays), a également été forcé de gagner la capitale. Il avait déjà été arrêté quelques mois auparavant.
Suspectés de nourrir des sympathies avec les maoïstes, Laxmi Ubhayay, Same Thapa et Chitra Chaudhary, journalistes dans la ville de Dhangadi (district de Kaïlali, ouest du pays), ont été contraints par les forces de sécurité de quitter le district pour se rendre à Katmandou. Ils étaient menacés d'arrestation.
Ram Hari Chaulagain, journaliste à l'hebdomadaire Sanghu, a été enlevé le 28 août dans l'après-midi près les locaux du journal. Il a été vu pour la dernière fois à New Baneswar, un quartier de Katmandou, alors qu'on le poussait de force dans une voiture. Il serait détenu à Katmandou, au commissariat du district d'Hanuman Dhoka.
Le même jour, Bal Kumar Khadka, journaliste pour l'hebdomadaire Khulla Pratispardha, a été arrêté et détenu pendant trois jours à Pokhara (ouest du pays), au poste de police du district.
Les forces de sécurité gouvernementales ont arrêté, le 1er septembre, Nilkantha Tiwari, qui travaillait pour la Corporation népalaise de télécommunication. Quelques jours auparavant, il avait déjà été enlevé plusieurs heures par la police. Le 2 septembre, Mina Sharma, l'épouse de Nilkantha Tiwari n'était toujours pas parvenue à avoir des nouvelles de son mari. Le 24 mai 2002, quelques jours avant son neveu, Binod Tiwari, assistant de rédaction, Mina Sharma avait été elle-même arrêtée et torturée. Nilkantha Tiwari, contre qui un avis de recherche avait été lancé, était alors en exil en Inde. Binod Tiwari est sorti de prison le 5 septembre 2002. Mina Sharma a été relâchée le 5 novembre 2002.
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20.01.2016