Reporters sans frontières dénonce le système de l'accréditation unique pour les correspondants de médias étrangers
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La couverture de l'information algérienne par les médias étrangers est menacée par une nouvelle décision du ministère de la Culture et de la Communication, qui désormais refuse d'accréditer un même journaliste pour plusieurs médias étrangers. Un décret devrait être prochainement adopté pour entériner cette mesure.
Reporters sans frontières demande au ministère de la Culture et de la Communication de revenir sur cette mesure et de permettre aux journalistes de travailler pour plusieurs médias étrangers, sans restriction, comme c'était l'usage ces dernières années. L'organisation redoute que cette mesure ne porte gravement atteinte à la profession de correspondant de la presse internationale, et ne vise aussi à limiter la diffusion des informations algériennes dans les médias étrangers.
" Dans aucun pays, un journaliste ne peut travailler pour plusieurs titres ! Les médias doivent avoir l'exclusivité de leur correspondant", a déclaré un représentant du ministère de la Communication à Reporters sans frontières pour justifier cette mesure limitative.
Depuis plusieurs années, la direction de la presse et des accréditations du ministère de la Culture et de la Communication donnait la possibilité à un journaliste algérien d'être correspondant d'un ou de plusieurs médias étrangers, sans restriction. Une accréditation annuelle était délivrée et renouvelée sur simple demande. Pour l'année 2004, les cartes d'accréditation concernant les médias étrangers, n'ont toujours pas été délivrées.
Selon Anis Rahmani, journaliste au quotidien El Khabar, et correspondant du journal londonien El Hayat et de la chaîne télévision libanaise LBC, " cette mesure cherche à étouffer ce qui se passe en Algérie pour ne pas alerter l'opinion internationale. Pour les médias étrangers, cette disposition représente aussi une menace ! Elle ambitionne de leur imposer leurs correspondants en Algérie, faute de pouvoir travailler avec ceux de leur choix ". Haïthem Rabani, qui travaille pour sept organes de presse étrangers, dont Voice of America et la Deutsche Welle, s'insurge contre cette restriction : " Elle risque d'encourager les journalistes de la presse écrite et de la radio à travailler sous pseudonyme. Les journalistes les plus fragilisés sont ceux qui travaillent pour des télévisions. Ils ne pourront pas utiliser des canaux officieux, car ils sont obligés de transmettre leurs reportages à partir des locaux de la télévision nationale. Des cassettes de reportage risquent de partir dans les valises des grands-mères qui se rendent à l'étranger ! ".
Publié le
Updated on
20.01.2016