L'organisation a demandé au commissaire européen, qui doit rencontrer le président Islam Karimov les 18 et 19 mars à Tachkent, d'aborder la question de la liberté de la presse et le sort des journalistes emprisonnés.
Reporters sans frontières s'est adressée à Chris Patten, commissaire européen aux Relations extérieures, qui doit rencontrer les 18 et 19 mars à Tachkent le président Islam Karimov, afin qu'il aborde la question de la liberté de la presse et le sort de cinq journalistes emprisonnés.
L'organisation a particulièrement insisté sur le cas du journaliste et défenseur des droits de l'homme Ruslan Sharipov, emprisonné depuis le 26 mai 2003 et condamné à quatre ans de prison pour homosexualité et relations sexuelles avec mineurs. Reporters sans frontières considère que l'objectif de ce procès inique était de faire taire une voix dissidente et de mettre en garde les autres journalistes et défenseurs des droits de l'homme ouzbeks.
Ancien président de l'organisation de défense de la liberté de la presse UIJU (Union of journalists of Uzbekistan) et correspondant de l'agence de presse russe Prima, Ruslan Sharipov fait l'objet, depuis plusieurs années, de multiples pressions qui visent à lui faire abandonner ses activités de défense des droits l'homme et à l'empêcher de critiquer les autorités dans ses articles.
Au début de sa détention, le journaliste a déclaré à plusieurs reprises avoir subi des pressions physiques et psychologiques. En raison de la peine déjà purgée, Ruslan Sharipov bénéficie, depuis le 12 mars 2004, de conditions de détention plus souples. Il pourrait, selon les autorités, être libéré en juin, au tiers de sa peine.
Reporters sans frontières a signalé au commissaire européen que quatre autres journalistes sont actuellement emprisonnés en Ouzbékistan :
- Jusuf Ruzimuradov, rédacteur en chef du journal d'opposition Erk, a été condamné le 18 août 1999 à une peine de huit ans de prison. Des menaces de viol à l'encontre des membres de sa famille, ainsi que des tortures et des pressions psychologiques ont été utilisées afin d'obtenir ses aveux. Il est accusé d'avoir voulu "renverser le pouvoir par la force", de "participation à une organisation illégale" et d'"insulte par voie de presse" au Président.
- Le même jour et pour les mêmes motifs, Mohammed Bekjanov, également journaliste de Erk, a été condamné à une peine de quinze ans de prison.
- Madjid Abduraimov, de l'hebdomadaire Yangi Asr, a été arrêté le 10 mars 2001 et condamné, quelques mois plus tard, à treize ans de prison pour corruption. Il est connu pour ses articles critiques vis-à-vis des autorités politiques et judiciaires.
- Gayrat Mekhliboyev a été condamné le 18 février 2003 à sept ans de prison pour "appartenance au parti islamiste interdit Hizb ut-Tahrir", "activités anticonstitutionnelles", et "agitation religieuse", un mois après avoir terminé ses études de journalisme à l'Université de Tachkent. Il est accusé d'avoir utilisé ses activités journalistiques pour faire de la propagande religieuse.