Recrudescence des agressions physiques de journalistes palestiniens par les forces de sécurité israéliennes
Organisation :
Reporters sans frontières condamne les actions des forces de sécurité israéliennes qui ont visé deux professionnels palestiniens de l’information par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène, le 16 mai 2014 à Ramallah. Issam Al-Rimawi, photographe pour le journal Al-Hayat Al-Jadida, et Abdalkarim Al-Museitef, photographe freelance, couvraient la marche accompagnant les funérailles de deux jeunes palestiniens tués la veille lors de la commémoration du 66e anniversaire de la Nakba quand des heurts ont éclaté entre manifestants palestiniens et soldats israéliens. Issam Al-Rimawa a été blessé à l’épaule gauche par une balle en caoutchouc; Abdul Karim Mssitef, asphyxié par le gaz lacrymogène, a quant à lui perdu connaissance. Les deux journalistes ont été transportés à l’hôpital régional de Ramallah. D’après les déclarations de Issam Al-Rimawi sur Facebook, “un commandant a ordonné d’ouvrir le feu en ma direction, de manière délibérée. Les photographes journalistes étaient visés pendant cette manifestation”.
“Cet incident n’est malheureusement pas isolé. Nous sommes en effet très inquiets de l’accroissement important du nombre de professionnels palestiniens de l’information délibéremment visés par les forces de sécurité israéliennes”, déclare Soazig Dollet, Responsable du bureau Moyen-Orient-Afrique du Nord de Reporters sans frontières.
“Nous réitérons notre appel aux autorités israéliennes, notamment militaires, à respecter l’intégrité physique des journalistes couvrant les manifestations. Nous rappelons que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté, le 28 mars 2014, une résolution qui reconnaît et consacre le rôle essentiel des journalistes dans la couverture des manifestations, et dénonce les attaques et agressions dont ils sont victimes au cours de ces évènements” .
Le Palestinian Center for Development and Media Freedoms (MADA) a recensé près de 80 de cas de violations de la liberté de la presse par les forces de sécurité israéliennes à l’encontre d’acteurs palestiniens de l’information au cours des quatre premiers mois de l’année 2014, parmi lesquels plus de 30 agressions physiques. Le 22 avril, des soldats israéliens ont tiré des grenades de gaz lacrymogène contre Abdul Hafiz Al-Hachlamoun pendant qu’il couvrait des affrontements entre étudiants et soldats israéliens à Hébron (sud de la Cisjordanie). Il a été hospitalisé pour une déchirure musculaire au pied.
Le 20 avril, une dizaine de Palestiniens ont été blessés dans la “prise d’assaut” de la cour de la mosquée Al-Aqsa par des policiers escortés de juifs ultra-orthodoxes; parmi eux, cinq journalistes venus couvrir l’incident.
Le 14 avril, les forces israéliennes ont interpellé une équipe de l’agence de presse palestinienne Wafa se rendant au village Nabi Salih pour couvrir une marche pacifique protestant contre la fermeture de l’entrée du village. Le photographe Hudaifa Srour, le correspondant Yazan Taha et le chauffeur Fadi Kifaya ont été relâchés deux heures et demie plus tard.
Le 22 mars, six journalistes avaient été interpellés par les forces de sécurité israéliennes pendant quelques heures, et leurs pièces d’identité confisquées. Parmi eux, le correspondant de Dubaï TV, Mohamed Assayed et ses deux collègues Mohamed Hassan et Rami Abdu, qui réalisaient un reportage au niveau du checkpoint de Zaatara, près de la ville de Naplouse (nord de Jérusalem).
En février dernier, le photographe freelance Youssef Shakarna avait été violemment agressé par quatre soldats israéliens près de la barrière de sécurité qui entoure la colonie de Betar Illit (ouest de Bethléem) alors qu’il préparait un reportage sur les conditions des travailleurs palestiniens en Israël. Son appareil photo lui avait été confisqué. Blessé, il a été hospitalisé. Le Syndicat des journalistes et le ministère palestinien de l’Information ont organisé une manifestation quelques jours plus tard afin de dénoncer cette attaque ainsi que toutes les autres violences dont sont victimes les journalistes palestiniens.
Publié le
Updated on
20.01.2016