Reporters sans frontières se déclare « préoccupée » par le climat de tension qui règne au Togo dans la dernière semaine de la campagne électorale précédant le scrutin présidentiel du 24 avril 2005. L'organisation appelle les médias et les autorités au calme, et affirme que la première victime de cette situation est la population, mal informée.
Reporters sans frontières se déclare « préoccupée » par le climat de tension qui règne au Togo dans la dernière semaine de la campagne électorale précédant le scrutin présidentiel du 24 avril 2005. L'organisation appelle les médias et les autorités au calme, et affirme que la première victime de cette situation est la population, mal informée.
L'organisation appelle d'une part les autorités à privilégier le dialogue pour résoudre les litiges et, d'autre part, les médias privés à respecter les règles de l'équité dans leur couverture de la campagne. Dans ce contexte, elle demande à la Haute Autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC) de revenir sur sa décision d'interdire aux médias privés de couvrir la campagne électorale et de convenir avec les organisations professionnelles d'un mode de fonctionnement équitable et professionnel.
« Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que la violence politique, d'où qu'elle vienne, a clairement infiltré le monde médiatique au Togo, a déclaré Reporters sans frontières. Nous avons déjà eu l'occasion de témoigner de notre inquiétude lorsque la presse privée se transforme en arme politique. Mais interdire purement et simplement aux médias privés de couvrir la campagne électorale, dans un contexte où les antagonismes sont à leur comble, est absurde et contre-productif. D'une manière générale, nous recommandons à la HAAC de réagir au cas par cas afin d'éviter de commettre des injustices. Pour parvenir à un compromis rapide permettant de revenir à une situation juste, nous soutenons totalement l'effort de médiation entrepris notamment par l'Union des radios et télévisions libres du Togo (URATEL), que les autorités et la HAAC doivent prendre au sérieux. »
« De leur côté, les responsables des médias privés, quel que soit leur bord, doivent veiller à ce que leurs journalistes ne se transforment pas en tribuns politiques. Nous rappelons que c'est la population togolaise qui, en ne disposant pas d'une information sereine et équilibrée, fait les frais de ce climat de tension », a ajouté l'organisation.
Le 19 avril, la HAAC, institution de régulation de la presse au Togo, a interdit aux radios et télévisions privées « d'assurer la couverture médiatique de la campagne électorale de tous les candidats ». Dans un communiqué, la HAAC exige des directeurs des médias audiovisuels privés qu'ils respectent « scrupuleusement » les dispositions relatives à l'organisation de la campagne électorale, et notamment celle qui interdit les « émissions spéciales ou des débats animés par les candidats ou leurs représentants ».
Au début de la campagne électorale, la HAAC avait défini le cadre d'intervention des médias privés, en leur interdisant notamment de couvrir la campagne électorale, dévolue aux seuls médias publics sur la base d'un partage équitable. Seule la couverture des meetings des candidats était permise aux médias privés.
Le 15 avril, Dadja Pouwi, un conseiller du ministre de la Communication, Pitang Tchalla, s'était plaint auprès de Reporters sans frontières du fait que « certaines radios, au mépris de la loi, continuent d'exacerber la situation du pays en organisant des émissions en direct au cours desquelles des auditeurs, qui interviennent par téléphone sous de faux noms, versent dans des insultes et des provocations ». Il avait également déploré le « déséquilibre » du traitement de l'information par les médias privés, au bénéfice de l'opposition. Certaines radios diffusent des éditoriaux politiques virulents, hostiles au fils du général-président défunt Gnassingbé Eyadema, candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir), et à la France, considérée comme la tutrice du régime en place.