Les autorités du Bélarus ont annoncé, pour la seconde fois en deux ans, la réouverture de l'enquête sur la disparition de Dmitri Zavadski, cameraman de la chaîne russe ORT, dont on est sans nouvelles depuis le 7 juillet 2000. Reporters sans frontières, ne voulant se contenter d'un effet d'annonce, a réclamé de nouveau toute la lumière sur cette affaire.
Le bureau du procureur général à Minsk a annoncé, le 4 avril 2005, pour la seconde fois en deux ans, la réouverture de l'enquête sur la disparition du journaliste Dmitri Zavadski, dans une lettre adressée le 7 avril à sa mère, Volha Zavadski.
Reporters sans frontières ne saurait se contenter d'un simple effet d'annonce. « Les autorités du Belarus ne doivent pas chercher seulement à faire taire quelque temps les critiques émanant de la communauté internationale à son égard en décidant la réouverture du dossier. Elles ont le devoir de mener une enquête transparente, exhaustive et indépendante, afin de faire enfin toute la lumière sur la disparition du journaliste. Depuis bientôt cinq ans, sa famille attend de savoir ce qui s'est passé. Nous demandons de nouveau la mise en place d'une véritable enquête, telle que l'énonçait la résolution 1371 de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE). De graves zones d'ombre subsistent dans cette affaire, malgré la condamnation, en 2002, de deux membres des unités spéciales du ministère de l'Intérieur, tandis que les recommandations du Conseil de l'Europe n'ont pas encore été prises en compte », a déclaré l'organisation.
D'après Svetlana Zavadskaya, la femme du journaliste, la réouverture de l'enquête constitue seulement une décision opportuniste des autorités bélarusses, actuellement dans le collimateur des institutions internationales. L'annonce de la reprise en main du dossier est effectivement tombée à point nommé, alors que la Commission des droits de l'homme de l'ONU a commencé le 29 mars 2005 à aborder la question des exactions à l'encontre des droits de l'homme au Bélarus.
Un an auparavant, début avril 2004, Svetlana Zavadskaya avait reçu un courrier d'Ivan Branchel, responsable de l'enquête visant à retrouver son époux, lui indiquant que celle-ci avait été fermée, au motif que « l'individu disparu n'avait pas été retrouvé ».
Dmitri Zavadski a disparu le 7 juillet 2000, à l'aéroport de Minsk. Ancien cameraman personnel du président Alexandre Loukachenko, il avait quitté la télévision d'Etat en 1996, pour travailler avec la chaîne russe ORT. Il avait été emprisonné pendant deux mois avec un collègue, en 1997, à la suite d'un reportage sur les défaillances des dispositifs de sécurité bélarusses le long de la frontière avec la Lituanie.
Le 16 juillet 2002, la Cour suprême du Bélarus avait confirmé une peine de prison à vie pour Valeri Ignatovitch, ancien chef des unités spéciales du ministère de l'Intérieur, et l'un de ses subordonnés, Maxim Malik, considérés comme les meurtriers présumés du jeune cameraman.
Le procureur avait décidé d'arrêter les investigations en février 2003, puis de les reprendre le 10 décembre de la même année, sous les pressions internationales, avant de clore de nouveau le dossier le 31 mars 2004.
Le rapporteur spécial du Conseil de l'Europe, Christos Pourgourides, avait fait état de soupçons très graves sur l'implication des autorités dans la disparition du journaliste et sur leur volonté de dissimuler la vérité sur cette affaire, dans un rapport publié en janvier 2004.