Quatre journalistes emprisonnés
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La répression qui vise l'opposition cubaine n'épargne pas la presse indépendante. RSF a demandé au Président Castro la libération de quatre journalistes emprisonnés.
Dans une lettre adressée à Fidel Castro, chef de l'Etat cubain, Reporters sans frontières (RSF) a demandé la libération immédiate et inconditionnelle de Carlos Alberto Domínguez, de l'agence indépendante Cuba Verdad, arrêté le 23 février 2002. "Cette arrestation démontre que la presse indépendante n'est pas épargnée par la vague de répression qui vise l'opposition cubaine", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Ce dernier a rappelé que "Cuba est le seul pays d'Amérique latine où des journalistes sont encore emprisonnés". L'organisation a également exigé la libération des journalistes indépendants Lester Téllez Castro et Carlos Brizuela Yera et l'abandon des charges retenues contre eux. Enfin, RSF a de nouveau réclamé la libération de Bernardo Arévalo Padrón, directeur de l'agence Línea Sur Press, incarcéré depuis novembre 1997.
Selon les informations recueillies par RSF, Carlos Alberto Domínguez, de l'agence indépendante Cuba Verdad, a été arrêté à son domicile par quatre agents de la sécurité d'Etat, le 23 février 2002. Il a été incarcéré dans un premier temps à La Havane, dans un centre du Département technique des investigations (DTI, police judiciaire), organe du ministère de l'Intérieur, réputé pour les mauvais traitements qui y sont infligés aux détenus. Dans ce contexte, l'état de santé du journaliste, qui souffre de migraines et d'hypertension artérielle, s'est sensiblement dégradé. Depuis le 8 mars, il est hospitalisé à l'hôpital militaire de Marianao. Le journaliste serait inculpé de "troubles de l'ordre public" et "refus d'obtempérer". On lui reprocherait également d'avoir participé à l'organisation de manifestations, prévues le 24 février, en vue de commémorer la mort de quatre pilotes de l'association Hermanos al rescate, une organisation de Cubains en exil, abattus par des chasseurs cubains le 24 février 1996. Carlos Alberto Domínguez est également le directeur de l'Instituto del Derecho et membre du Parti démocratique du 30 novembre, deux associations non reconnues par les autorités. A ce titre, il avait déjà fait l'objet de multiples arrestations. Selon Marta Beatriz Roque, directrice de l'Institut cubain d'économistes indépendants, vingt-six membres de l'opposition ont été arrêtés depuis la fin de février 2002. "Cette vague de répression vise à priver de direction les dizaines d'organismes dissidents qui travaillent à Cuba ", a déclaré Marta Beatriz Roque.
Le 4 mars, Lester Téllez Castro, directeur de l'agence Agencia de Prensa Libre Avileña (APLA), et Carlos Brizuela Yera, collaborateur de l'agence Colegio de Periodistas Independientes de Camaguey, ont été frappés puis interpellés, avec huit militants des droits de l'homme, par des agents des forces de l'ordre. Les deux journalistes ont été interpellés alors qu'ils se rendaient au chevet de Jesús Alvarez Castillo, correspondant de l'agence Cuba Press à Ciego de Avila (Centre), hospitalisé après avoir été violemment agressé par des agents des forces de l'ordre. Le 11 mars, Lester Téllez Castro a été conduit dans une prison de Cienfuegos (ouest de Ciego de Avila) et Carlos Brizuela Yera a été transféré dans un centre de détention de la province de Holguín (Est). Les deux hommes devraient être inculpés pour "outrage", "trouble de l'ordre dans une institution médicale" et "refus d'obtempérer". Depuis le 5 mars, le directeur de l'APLA a entamé une grève de la faim. Les huit militants des droits de l'homme arrêtés le même jour ont également été transférés dans des centres de détention.
Enfin, RSF a rappelé que Bernardo Arévalo Padrón, fondateur de l'agence de presse indépendante Línea Sur Press, a été condamné en appel, le 28 novembre 1997, à six ans de prison pour "outrage" envers le président Fidel Castro et le vice-président Carlos Lage. Interviewé par une radio de Miami, le journaliste les avait qualifiés de "menteurs", leur reprochant de ne pas se conformer aux engagements démocratiques signés lors d'un précédent Sommet ibéro-américain. Le journaliste est actuellement détenu dans le camp de travail n°16, dans la province de Cienfuegos. Ses demandes de liberté conditionnelle ont été rejetées à plusieurs reprises.
A Cuba, seule la presse officielle est autorisée. Interdits de publier dans leur pays, une centaine de journalistes indépendants comptent sur les associations de Cubains exilés aux Etats-Unis pour diffuser leurs informations, le plus souvent sur des sites Internet. En 2001, Reporters sans frontières a recensé près d'une centaine de cas de pressions ou d'intimidations (menaces, agressions, convocations par la police, placements en résidence surveillée, pressions sur la famille, etc.) contre ces journalistes. Les autorités ont également procédé à vingt-neuf interpellations. Poussés à bout, une cinquantaine de journalistes indépendants ont dû s'exiler depuis 1995.
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Updated on
20.01.2016