Procès Assange : le tribunal britannique rejette la demande d’extradition émise par les Etats-Unis mais échoue à protéger le journalisme d’intérêt général

Reporters sans frontières (RSF) salue la décision de la juge britannique Vanessa Baraitser de rejeter la demande d’extradition du fondateur de Wikileaks, Julian Assange, par les Etats-Unis. L’organisation déplore toutefois que le tribunal n’ait pas condamné le fondement même de l’accusation, échouant ainsi à créer une jurisprudence dans ce domaine.

La juge Vanessa Baraitser s’est prononcée contre l’extradition de Julian Assange. Mais elle s’est basée pour cela sur les graves problèmes de santé mentale du fondateur de Wikileaks et sur les conséquences potentiellement fatales qu’auraient eues sur lui une détention aux Etats-Unis. Sur les points fondamentaux de l’affaire – les 18 chefs d’accusation, dont 17 en vertu de l’Espionage Act et un pour fraude informatique émis par le gouvernement américain -, la décision de la juge penchait nettement en faveur de l’accusation, et ce en dépit des arguments de la défense.

 

« Nous sommes extrêmement soulagés que Julian Assange ne soit pas extradé aux Etats-Unis. Mais nous sommes aussi extrêmement déçus que le tribunal ne se soit pas clairement prononcé en faveur de la liberté de la presse et de la protection du journalisme, déclare la directrice des campagnes internationales de RSF, Rebecca Vincent. Contrairement aux affirmations de la juge, nous pensons que cette affaire est politique et concerne le journalisme et la liberté d’expression. Si les fondements mêmes de cette décision ne sont pas questionnés, cela laisse le champ libre à d’autres poursuites pour des raisons similaires et cela aura des conséquences néfastes, partout dans le monde, sur le journalisme traitant de questions liées à la sécurité nationale. »

 

 

Le gouvernement américain a indiqué qu’il comptait faire appel de cette décision. Julian Assange reste en détention provisoire à la prison de haute sécurité de Belmarsh en attendant que la juge approuve sa remise en liberté sous caution le 6 janvier. RSF réitère son appel à sa libération immédiate et continuera d’observer les procédures.

 

 

En dépit des immenses difficultés d’accès au tribunal – dont le refus par la juge d’accréditer des observateurs d’ONG et les menaces d’arrestations par la police sur place -, RSF est parvenu à être représentée ce 4 janvier au Tribunal pénal central de Londres (The Old Bailey) et a été la seule ONG à assister à toutes les audiences concernant la demande d’extradition de Julian Assange.

 

 

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis occupent respectivement la 35e et la 45e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.

 

 

Publié le
Updated on 05.01.2021