Permission de sortie pour Akbar Ganji
Organisation :
Reporters sans frontières se félicite de la permission de sortie de prison accordée le 30 mai 2005 à Akbar Ganji pour traitement médical.
"Nous sommes satisfaits que les revendications du journaliste aient enfin été entendues, a déclaré l'organisation, mais nous restons extrêmement vigilants quant à l'évolution de la situation. Nous continuerons à exercer une pression soutenue sur les autorités iraniennes tant qu'Akbar Ganji n'aura pas obtenu sa libération inconditionnelle et définitive, et tant que les huit autres journalistes et les trois cyberdissidents emprisonnés ne seront pas libres."
Selon Akbar Ganji, contacté à sa sortie par Reporters sans frontières, les responsables de la prison d'Evine ont proposé, le 28 mai, d'envoyer deux médecins choisis par sa famille pour confirmer son mauvais état de santé et lui accorder ainsi une permission. Le lendemain, lorsque son épouse et les médecins se sont présentés à la prison, les gardes ont déclaré que leur visite n'était pas nécessaire et qu'une semaine de permission était accordée au journaliste. Ce dernier, qui réclamait une sortie d'un mois, a d'abord refusé "cette offre" et déclaré qu'il poursuivrait sa grève de la faim. Après minuit, des gardes sont venus dans sa cellule lui annoncer qu'il pouvait partir en permission sur le champ, sans en préciser la durée. Le journaliste sera hospitalisé pendant une semaine.
La mobilisation des organisations internationales, ainsi que des webloggers et internautes qui ont relayé activement les dernières informations sur l'état de santé d'Akbar Ganji a été décisive.
---------------------------
27.05.05 - Affaire Akbar Ganji : Reporters sans frontières appelle les ministres des Affaires étrangères de l'UE et Javier Solana à faire pression sur l'Iran
Akbar Ganji, journaliste incarcéré depuis cinq longues années, est actuellement en grève de la faim illimitée pour réclamer un traitement médical adapté et bénéficier de tous ses droits de prisonnier. Reporters sans frontières demande solennellement aux 25 ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne et à Javier Solana, haut représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune, de faire tout ce qui en leur pouvoir pour pousser les autorités iraniennes à accéder à sa demande. "L'Union européenne qui dit avoir entamé « un dialogue constructif » avec l'Iran depuis 1998, a le devoir d'interpeller les autorités afin de s'assurer qu'une grande figure des médias et défenseur des droits de l'homme ne court pas à sa perte suite à leur passivité", a déclaré Reporters sans frontières.
Akbar Ganji, en détention arbitraire depuis cinq ans et otage du régime iranien, est aujourd'hui malade. Reporters sans frontière demande aux autorités de donner immédiatement des garanties sur l'état de santé du journaliste. "Il ne faudrait en aucun cas que sa vie soit mise en danger, ni sur le plan sanitaire, ni pour cause de mauvais traitements, faits courants à la prison d'Evine comme l'ont récemment montré plusieurs exemples, dont celui de la journaliste irano-canadienne Zahra Kazemi", a ajouté l'organisation.
"Nous demandons également à la Commission européenne de faire pression sur les autorités pour entreprendre une inspection des prisons iraniennes, où la grève de la faim est devenue le seul recours pour les journalistes qui tentent d'obtenir ainsi leurs stricts droits de prisonniers", a conclu Reporters sans frontières.
Akbar Ganji avait entamé, le 19 mai 2005, une "grève de la faim illimitée". Le 24 mai, le journaliste a cessé sa grève suite à une négociation avec trois responsables de la prison d'Evine lui promettant d'accéder à ses revendications la semaine suivante. Mais le lendemain, un assistant du procureur de Téhéran l'a accusé de mentir et a averti "la famille Ganji de ne pas continuer ces mensonges". Le journaliste a donc annoncé à sa famille sa décision de reprendre "sa grève et cette fois jusqu'au bout".
Son épouse, Masoumeh Shafii, a déclaré à Reporters sans frontières : "Il est déterminé à aller jusqu'au bout. Il est malade et affaibli. Avec la grève de la faim, il a cessé de prendre ses médicaments et sa vie est réellement en danger."
Rappel des faits
Akbar Ganji est le journaliste détenu depuis le plus grand nombre d'années dans le pays. Le 22 avril 2000, alors qu'il travaillait au quotidien Sobh-é-Emrouz, il avait été arrêté à l'issue d'une audience devant le tribunal dit de la presse. Le journaliste était poursuivi pour ses révélations sur les meurtres d'opposants et d'intellectuels, fin 1998, et ses accusations contre des hauts responsables politiques, tels que Ali Fallahian ou Hashemi Rafsandjani. Akbar Ganji était également accusé d'avoir participé à la conférence de Berlin, consacrée aux réformes en Iran et jugée anti-islamique par les autorités du pays. Le 13 janvier 2001, il était condamné à dix ans de prison. En mai, sa peine avait été ramenée, en appel, à six mois. Mais le 15 juillet, la Cour suprême était revenue sur ce verdict, sous prétexte d'irrégularités commises lors de la procédure d'appel. Le journaliste avait écopé de six années de réclusion.
Détenu en cellule d'isolement, il ne peut pas, comme d'autres détenus politiques, téléphoner à son épouse depuis la prison ou bénéficier de permissions de sortie, comme le permet la loi iranienne. Les médecins de l'hôpital auraient recommandé l'hospitalisation du journaliste, pour des problèmes de dos et d'asthme qui empirent à cause de ses conditions de détention. Les autorités judiciaires continuent pourtant à s'y opposer. Shirin Edabi, Prix Nobel de la paix 2003 et avocate du journaliste, a souvent fait part de son inquiétude quant à l'état de santé de son client.
Il y a plus de 15 ans, Reporters sans frontières mettait en place le "parrainage" et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli. Akbar Ganji est parrainé par Le Devoir, Nice-Matin et La Montagne.
Publié le
Updated on
20.01.2016