Ouzbékistan : un blogueur risque jusqu’à 10 ans de prison
Mis à jour 15/02 : Otabek Sattoryi a été condamné à une amende de 9,8M de sums (environ 770€) pour "calomnie" et "insulte". Il reste en prison en attendant la date de son procès pour "extorsion". Il risque 10 ans de prison.
Un blogueur ouzbek enquêtant sur des affaires de corruption a été arrêté et risque une lourde peine de prison. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une affaire montée de toutes pièces visant à le faire taire.
Pas moins d’une dizaine d’agents en civils ont été mobilisés pour arrêter Otabek Sattoryi, blogueur et fondateur de la chaîne YouTube Xalq Fikri (l’opinion du peuple) devant chez lui dans le sud de l’Ouzbékistan, le 29 janvier dernier. Trois jours plus tard, il était inculpé pour avoir prétendument extorqué et dérobé des téléphones à “des inconnus”. Il risque 10 ans d’emprisonnement.
Connu pour ses vidéos sur les problèmes socio-économiques de sa région, le blogueur a publié plusieurs enquêtes sur la corruption locale, dont une sur l’expulsion de propriétaires locaux par les autorités régionales dans le but de construire un centre commercial. Il avait aussi pointé du doigt de “petits arrangements” entre le gouverneur et des fournisseurs de gaz ayant entraîné une hausse des prix au détriment de la population. Dans l’une de ses dernières vidéos, il avait accusé les autorités locales de monter de toutes pièces des affaires pénales contre des blogueurs en Ouzbékistan.
“C’est une nouvelle tentative de faire taire les voix critiques en Ouzbékistan, dénonce la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie Centrale de RSF, Jeanne Cavelier. RSF condamne fermement des accusations falsifiées pour passer sous silence les scandales de corruption locaux et appelle à la libération immédiate du blogueur, ainsi qu’au retrait des poursuites à son encontre.”
La sœur du blogueur, Farangiz Alimova, estime que son frère a été arrêté pour des raisons politiques évidentes, le président Shavkat Mirziyoyev devant se rendre prochainement dans la région.
Malgré une amélioration relative de la liberté de la presse depuis la mort de l’ancien président Islam Karimov il y a quatre ans, des journalistes et blogueurs critiques sont encore régulièrement emprisonnés, et l’accusation d’extorsion reste couramment utilisée par les autorités pour criminaliser les voix discordantes.
L’Ouzbékistan occupe la 156e place sur 180 pays au Classement 2020 de la liberté de la presse, établi par RSF.