Nouvelles inquiétudes concernant deux journalistes détenus
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Reporters sans frontières demande la libération du journaliste Yosef Azizi Banitrouf, arrêté à son domicile le 25 avril 2005 et du journaliste Réza Alijani, en prison depuis près de deux ans, dont la santé s'est gravement détériorée.
« Nous condamnons fermement l'arrestation de Yosef Azizi Banitrouf qui n'a fait qu'exprimer une opinion personnelle dans ses articles et lors d'interviews accordées à d'autres journaux. Dès qu'un journaliste s'exprime librement, les autorités iraniennes s'acharnent sur lui. Cela va de l'interdiction de sa publication à la prison. Les autorités se donnent le choix entre faire taire le média ou faire taire le journaliste. Cette arrestation porte à douze le nombre de journalistes et de cyberdissidents actuellement emprisonnés, confortant la triste position de l'Iran de plus grande prison du Moyen-Orient pour les professionnels des médias », a déclaré Reporters sans frontières.
« D'autre part, la santé de Réza Alijani nous préoccupe énormément », a ajouté l'organisation. M. Alijani souffre de problèmes respiratoires qui ne font que s'aggraver en raison de ses conditions de détention très dures. Malgré plusieurs requêtes de l'épouse du journaliste, les responsables de la prison d'Evine font toujours la sourde oreille et refusent de lui accorder les traitements dont il a crucialement besoin. Nous demandons aux autorités iraniennes de permettre sa libération immédiate afin qu'il puisse suivre un traitement approprié. »
Le 25 avril 2005, près de huit agents en civil se sont présentés au domicile de Yosef Azizi Banitrouf pour l'arrêter. Ils ont perquisitionné son appartement et confisqué tous ses documents de travail, son ordinateur et le répertoire téléphonique familial. Bien que muni d'un mandat, ces agents n'ont jamais voulu le montrer à son épouse ni lui dire où ils allaient conduire le journaliste. Selon son épouse, il pourrait se trouver à la prison d'Evine de Téhéran, où se trouvent la plupart des journalistes. Dans la soirée, après avoir accordé plusieurs interviews à des médias nationaux et internationaux, Mme Azizi Banitrouf a reçu des appels téléphoniques menaçants provenant d'un des agents venus arrêter son mari, et lui demandant de se taire.
Cette arrestation survient à la suite d'affrontements ethniques dans le Khouzistan (Sud-Ouest) opposant la communauté arabe majoritaire aux forces de l'ordre le 15 avril dernier. M. Banitrof, figure des intellectuels arabes en Iran, avait défendu la cause des manifestants tout en condamnant les violences.
Après avoir travaillé pendant douze ans pour le quotidien en langue persane Hamshari, Yosef Azizi Banitrof a été licencié lorsque les conservateurs extrémistes ont pris la direction du journal. Il collabore aujourd'hui à plusieurs journaux.
Par ailleurs, Réza Alijani, détenu à la prison d'Evine depuis le 14 juin 2003, souffre de graves problèmes respiratoires qui nécessitent une surveillance constante. Le 20 avril dernier, il a entamé une grève de la faim. Son état de santé ne lui a pas permis de la poursuivre plus de trois jours, alors qu'il avait déjà perdu huit kilos.
Il y a plus de 15 ans, Reporters sans frontières mettait en place le système des "parrainages" et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli. Reza Alijani est parrainé par Genève Home Information, Ottawa Citizen, 93.3 (Radio Québec), "La presse dans tous ses états" (CIBL), Mozaik Media, El periodico de Catalunya, Aldaketa Hamasei-Cambio 16, La Voz del Occidente, REE, McGill Daily.
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Updated on
20.01.2016