Reporters sans frontières a adressé, le 2 décembre 2008, une lettre au président syrien Bachar el-Assad, dénonçant son silence et son immobilisme face à la recrudescence des arrestations et condamnations de journalistes et cyberdissidents, au moment où l'Assemblée plénière de la Cour de cassation de Damas doit étudier la demande de libération anticipée du journaliste et écrivain Michel Kilo.
Reporters sans frontières a adressé, le 2 décembre 2008, une lettre au président syrien Bachar el-Assad, dénonçant son silence et son immobilisme face à la recrudescence des arrestations et condamnations de journalistes et cyberdissidents, au moment où l'Assemblée plénière de la Cour de cassation de Damas doit étudier la demande de libération anticipée du journaliste et écrivain Michel Kilo. Depuis juillet 2000, date de l'accession au pouvoir du président el-Assad, le nombre de journalistes détenus dans les prisons syriennes n'a jamais été aussi élevé.
"Au cours de ces deux dernières années, le ministère syrien de l'Intérieur et les services de sécurité de l'Etat se sont acharnés sur les esprits libres de votre pays. Ils ont pris pour cibles ceux qui osaient demander plus de libertés et qui osaient souligner la nécessité de réformes. Ces hommes ont pris la parole, non pour déstabiliser votre régime, mais pour participer au débat public, sans lequel aucune société ne peut s'affirmer démocratique. A l'instar du journaliste et écrivain Michel Kilo qui a été arrêté, en mai 2006, puis condamné à trois ans de prison pour avoir déploré les tensions existantes entre la Syrie et le Liban. Le rapprochement diplomatique que nous observons actuellement entre Damas et Beyrouth n'est-il pas l'aveu que la détention de Michel Kilo n'avait en réalité aucune justification ? Son maintien en détention, en dépit du fait qu'il a déjà purgé les trois quarts de sa peine, n'est-elle pas l'aveu d'une vengeance d'Etat ? Michel Kilo n'a jamais eu sa place en prison. Nous vous demandons de rétablir ce journaliste dans ses droits", a plaidé l'organisation dans sa lettre.
"Chaque détenu a son histoire et son lot d'injustice. Ali Abdallah, Fayez Sara et Akram Al-Bounni viennent de se voir condamnés à deux ans et demi de prison. Membres du Comité de la Déclaration de Damas, la justice syrienne les a jugés coupables de "publication de fausses informations dans le but de porter atteinte à l'Etat", "appartenance à une organisation secrète visant à déstabiliser l'Etat" et "incitation à la haine raciale et au confessionnalisme". Nous avons lu et relu le contenu de cette déclaration et nous ne parvenons pas à y trouver de quoi justifier ces chefs d'inculpation, encore moins ces sentences disproportionnées", a ajouté Reporters sans frontières.
"Au cours de ces deux dernières années, les décisions des tribunaux de Damas ont illustré la symbiose entre des services de renseignements omniprésents et une justice aux ordres. Les journalistes et cyberdissidents pris entre les mailles du ministère de l'Intérieur sont systématiquement condamnés, au terme de procès iniques. Et comme si la privation de liberté n'était pas un châtiment assez lourd, les conditions de détention de ces journalistes sont rendues difficiles par leurs geôliers et leurs codétenus - des prisonniers de droit commun", a affirmé l'organisation.
"Le cyberdissident Habib Saleh, est ainsi détenu à la prison d'Adra depuis le 5 mai 2008. Il est accusé d'"affaiblissement du sentiment national" et d'"incitation à la guerre civile et confessionnelle", pour avoir publié un article en soutien aux détenus de la Déclaration de Damas. Le 23 octobre 2008, un codétenu avait placé une lame de rasoir dans sa couchette, le blessant légèrement. Sa famille craint aujourd'hui pour son intégrité physique", a indiqué Reporters sans frontières.
"Enfin, notre organisation reste particulièrement préoccupée par le sort de trois cyberdissidents, incarcérés à la prison de Saydnaya. Depuis les affrontements meurtriers opposant des détenus aux gardiens de la prison en juillet dernier, aucune information relative à Firas Saad, Tariq Biassi et Kareem Arbaji ne nous est parvenue. Leurs proches, ainsi que leurs avocats, sont toujours empêchés de leur rendre visite. Nous vous rappelons que les visites familiales constituent l'un des droits fondamentaux des prisonniers", a conclu l'organisation.
L'affaire Michel Kilo
Le recours déposé par l'avocat général du parquet de Damas contre la libération anticipée de Michel Kilo doit être étudié, le 2 décembre 2008, par l'Assemblée plénière de la Cour de cassation. L'audience du 25 novembre dernier avait été annulée, les juges n'ayant pas été informés de la date. Les avocats et les proches du journaliste craignent que la procédure traîne en longueur, jusqu'à ce que Michel Kilo purge la totalité de sa peine.
Ce dernier a été distingué, en octobre 2008, par le Prix de la presse parlementaire britannique. Cette récompense a été remise à son fils Ayham Kilo, à Londres, par le président de la Chambre des communes, Michael Martin, lequel a rappelé, dans son allocution, l'engagement du journaliste pour la défense des droits fondamentaux.
Il y a plus de 16 ans, Reporters sans frontières mettait en place le "parrainage" des journalistes emprisonnés et appelait les médias internationaux à soutenir l'un d'entre eux. Plus de 200 rédactions dans le monde, des associations de journalistes, des clubs de la presse ou des institutions soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli.
Michel Kilo est ainsi soutenu par : Le Pèlerin (France), Club de la presse Méditerranée 06 (France), Varios Foros (Espagne), Asociacion de la Prensa de Almeria (Espagne), Ayuntamiento de Calafell (Espagne).
Signer la pétition pour demander la libération de Michel Kilo