Myo Myint Nyein libéré après douze ans de prison
Myo Myint Nyein enfin libre
Après douze années de détention, Myo Myint Nyein a été libéré de la prison de Tharrawaddy. RSF et l'association de journalistes birmans BMA se félicitent de cette libération intervenue lors de la visite en Birmanie du rapporteur spécial des Nations unies.
Dans une interview exclusive donnée au journaliste Moe Aye de la radio Democratic Voice of Burma, le journaliste Myo Myint Nyein a déclaré, quelques heures après sa libération, que son "esprit était toujours vigoureux" et que son engagement en faveur de la démocratie était toujours aussi fort. Myo Myint Nyein, emprisonné depuis 1990, a raconté les circonstances de sa libération : "Des hommes du MIS sont venus dans ma cellule à 15 heures pour me dire que j'allais être libéré. A 16 heures, je suis sorti de prison." Le journaliste a également raconté à la DVB les tortures qu'il a subies en prison, et notamment les mois qu'il a passés dans une niche du chenil de la prison d'Insein. Enfin, Myo Myint Nyein a affirmé avoir "foi dans le dialogue" entre le régime militaire et l'opposition. Après douze ans de détention - et deux ans avant la fin de sa peine - Myo Myint Nyein, journaliste et militant politique birman, a été libéré, le 13 février 2002, de la prison de Tharrawaddy (cent kilomètres au nord de Rangoon). Sa famille, jointe par Reporters sans frontières a confirmé la libération de Myo Myint Nyein et a précisé que le journaliste devrait pouvoir regagner son domicile dans la soirée. Transféré à Rangoon, il était encore interrogé par la police militaire (MIS). Myo Myint Nyein était détenu, depuis septembre 1997, à la prison de Tharrrawaddy, après avoir passé six ans dans la prison d'Insein (Rangoon). Il avait été condamné, le 19 novembre 1990, à sept ans de prison pour avoir publié, dans le magazine Yin-Kyae-Hmu (Culturel) qu'il dirigeait, un poème critique à l'égard de l'armée birmane. Le 28 mars 1996, il avait à nouveau été condamné, à l'issue d'un procès inique, à sept années de prison supplémentaires pour avoir participé à la rédaction d'un document, adressé au rapporteur des Nations unies pour la Birmanie, contenant des informations sur les conditions de détention et les mauvais traitements infligés aux détenus de la prison d'Insein. Cette libération, et celle de quatre autres prisonniers politiques, intervient au cours de la visite en Birmanie de Paulo Sergio Pinheiro, rapporteur spécial des Nations unies sur le Myanmar. Le rapporteur avait récemment demandé la libération de Myo Myint Nyein. Reporters sans frontières (RSF) et la Burma Media Association (BMA, organisation de journalistes birmans en exil) se félicitent de la libération du journaliste, mais regrettent que les autorités aient attendu aussi longtemps avant de prendre cette décision alors que la santé physique et mentale de Myo Myint Nyein s'était gravement détériorée. Depuis plusieurs années, RSF et BMA, ainsi que les médias parrains et des milliers de personnes qui ont signé des pétitions demandant sa libération, se mobilisent en faveur de Myo Myint Nyein. Les deux organisations avaient notamment soutenu la candidature du journaliste au prix de la fondation Canadian Journalists for Free Expression qui lui a été décerné en 2001. RSF et BMA souhaitaient ainsi dénoncer l'attitude des autorités birmanes à l'encontre de Myo Myint Nyein. En effet, Myo Myint Nyein n'a jamais pu bénéficier des traitements adéquats pour soigner les maladies dont il a souffert au cours de ces années passées dans une cellule insalubre : troubles mentaux et intestinaux aigus. Le journaliste avait notamment été détenu pendant plusieurs mois dans un chenil de la prison d'Insein. "Les cellules d'isolement, les interrogatoires et les maladies non soignées ont eu raison de Myo Myint Nyein qui était un homme vigoureux. Fils d'un boxeur birman réputé et sportif lui-même, il avait un physique à toute épreuve", selon un ancien compagnon de cellule du journaliste. A la connaissance de RSF, au moins dix-sept professionnels des médias sont toujours détenus en Birmanie. L'organisation est notamment très inquiète du sort du journaliste Sein Hla Oo dont la peine s'est achevée en août 2001 mais qui n'a toujours pas été libéré. Par ailleurs, le journaliste et responsable de la LND, Win Tin, détenu à Insein depuis le 4 juillet 1989, est également très affaibli par de nombreuses maladies.