Maroc : Maati Monjib de nouveau devant les juges
A la veille de la reprise du procès en appel du journaliste franco-Marocain Maati Monjib, Reporters sans frontières appelle les autorités marocaines à mettre fin à l’acharnement judiciaire dont il est victime depuis plusieurs années.
C’est un homme libre, mais toujours sous forte pression et haute surveillance, et surtout à la santé encore très dégradée qui est appelé à comparaître ce jeudi 30 septembre 2021 devant la cour d’appel de Rabat pour “atteinte à la sécurité de l’Etat” et “fraude”. Si le journaliste et historien franco-marocain Maati Monjib bénéficie depuis le 23 mars dernier d’une mesure de liberté provisoire, le harcèlement judiciaire dont il fait l’objet est loin d’avoir faibli et, cette nouvelle audience qui s’annonce, est une nouvelle épreuve.
“Maati Monjib souffre toujours des séquelles de la grève de la faim qu’il a dû mener pour faire valoir ses droits, son état de santé reste très dégradé, alerte le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati. Nous appelons les autorités marocaines à mettre fin à l’acharnement judiciaire dont il est victime depuis plus de cinq ans maintenant et d’abandonner enfin toutes les poursuites engagées à son encontre à tort.”
Maati Monjib avait été condamné “in absentia” le 27 janvier 2021 à un an de prison ferme et à une amende de quinze mille dirhams (1400 euros). Ses avocats et son comité de soutien avaient dénoncé ce jugement rendu par le tribunal de première instance de Rabat en son absence, et sans que ses avocats n’aient été ni convoqués, ni même prévenus. “Cette condamnation est doublement injuste car ni mes co-accusés, ni moi même avions jamais menacé ‘la sécurité intérieure de l’Etat’, ni aucun autre crime, si ce n’est l’exercice de notre droit à la liberté d’expression et d’association” a expliqué à RSF le journaliste. C’est pour dénoncer cette condamnation que Maati Monjib avait cessé de s’alimenter le 4 mars 2021 et avait observé 20 jours de grève de la faim.
Outre Maati Monjib, d’autres journalistes sont aussi victimes de harcèlement judiciaire sous couvert d’accusations diverses. Les journalistes Souleiman Raissouni et Omar Radi ont été respectivement condamnés à cinq ans de prison pour “agression sexuelle” et six ans de prison ferme pour “viol” et “espionnage”. Le fondateur du quotidien arabophone Akhbar al Yaoum Taoufik Bouachrine a lui été condamné à 15 ans de prison pour des violences sexuelles qu'il a toujours niées.
Le Maroc occupe le 136e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.