Maroc : les droits élémentaires du journaliste Omar Radi bafoués
Les autorités pénitentiaires multiplient les mesures restrictives contre le journaliste Omar Radi, condamné, en appel, en mars 2022, à six ans de prison ferme dans une double affaire montée de toutes pièces. Ces atteintes aussi mesquines qu’intolérables doivent cesser immédiatement.
L’administration pénitentiaire marocaine fait fi du respect des droits élémentaire du journaliste d’investigation Omar Radi, condamné en appel en mars 2022 à six ans de prison sur la base d’affaires d’espionnage et de viol montées de toutes pièces.
Ses parents ont exprimé, dans un communiqué, leurs vives préoccupations à l’égard de décisions “étranges et inquiétantes” émanant des autorités pénitentiaires. Leur fils, placé en isolement et privé du droit d’écrire, a été sommé le 7 juin dernier, au lendemain de leur visite, de ne plus parler de sujets politiques avec eux sous peine d’être privé d’appels téléphoniques. Le directeur de la prison de Tiflet 2, située près de Rabat, a justifié cette menace par le fait qu’Omar Radi serait « un cas spécial », placé « sous surveillance constante ».
« Ces attaques permanentes aux droits élémentaires de Omar Radi sont cruelles. Cette escalade sans fin des persécutions à son encontre témoigne d’un acharnement et d'une volonté délibérée de le briser aussi bien physiquement que psychologiquement. Les autorités marocaines doivent enjoindre en urgence leur administration à cesser ces violences multiformes sur Omar Radi et d’autres journalistes détenus arbitrairement.
L’ONU, dans une brochure destinée aux agents pénitentiaires, datée de 2005, intitulée « Les droits de l’homme et les prisons », souligne pourtant que nul ne doit être « l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance » et que « tout détenu a le droit de communiquer avec le monde extérieur, en particulier avec sa famille ».
Pour rappel, Omar Radi, lauréat du prix de l’indépendance de RSF 2022, s’est vu confisqué, le 1er avril 2022, lors de son transfert de la prison de Ain Sebaa (Okacha) de Casablanca à celle de Tiflet 2, tous ses documents et notes personnelles. Il a expliqué avoir été sommé de cesser d’écrire. Des mesures punitives ont aussi été prises à son encontre à la suite de sa participation à une journée grève de la faim le 10 décembre, lors de la journée internationale des droits de l’homme.
Omar Radi n’est pas le seul journaliste à subir intimidations et privations de droits en prison. En mai dernier, le journaliste Taoufik Bouachrine a été privé de soins à la suite de son refus de se rendre à l’hôpital en tenue de détenu. En attente d’une décision judiciaire relative à un pourvoi en cassation de son affaire, le journaliste Souleimane Raissouni, en détention depuis deux ans, a été transféré, sans y avoir été informé, dans une autre prison. Un transfert surprise au cours duquel ses documents et ses livres ont été déchirés. Le journaliste est, depuis, placé à l’isolement dans la prison de Aïn Borja. RSF avait dénoncé des méthodes qui violent une nouvelle fois les droits d’un journaliste en détention.