Maroc : “le procès en appel de Soulaimane Raissouni est une occasion de compenser les nombreuses irrégularités de procédure”
Alors que s’ouvre le procès en appel de Soulaimane Raissouni, Reporters sans frontières (RSF) demande que le journaliste, toujours très affaibli par sa grève de la faim, puisse enfin bénéficier d’un procès juste et équitable.
Le rédacteur en chef du quotidien Akhbar al Yaoum (en cessation de paiements depuis mars 2021), comparaîtra le mercredi 13 octobre devant la cour d’appel de Casablanca pour “agression sexuelle”. Condamné en première instance le 10 juillet dernier, à cinq ans de prison ferme après un procès entaché d’irrégularités manifestes, Soulaimane Raissouni a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés.
Cette peine a été prononcée après plusieurs mois de procédure au bout de laquelle le parquet avait requis 10 ans de prison ferme au prétexte que les déclarations du journaliste étaient "contradictoires" tandis que celles du plaignant étaient "concordantes et cohérentes" mais aussi que le journaliste était une personnalité publique et le plaignant un membre d’une minorité. Affaibli par une longue grève de la faim, Soulaimane Raissouni n’a pas assisté au prononcé du verdict, faute de pouvoir “'être transporté en ambulance et d'avoir un fauteuil roulant", comme il en avait fait la demande.
Soulaimane Raissouni avait cessé de s’alimenter normalement pendant 122 jours pour protester contre la prolongation de sa détention provisoire pendant plus d’un an. Sa grève de la faim lui a laissé d’importantes séquelles. Il souffre toujours d'hypertension, il est paralysé de la jambe droite et à des moments d’absence fréquents. Son état nécessite encore un traitement médical et un soutien psychologique important.
“Ce nouveau procès est une occasion unique de compenser les nombreuses irrégularités de procédure qui ont été jusqu’à présent constatées, déclare le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati. Permettre à Soulaimane Raissouni de bénéficier d’un procès juste et équitable, alors que son état de santé est toujours extrêmement préoccupant, est une nécessité qui s’impose. La place de Soulaimane Raissouni n’est pas en prison.”
Deux autres journalistes marocains, également dans le collimateur du pouvoir marocain, sont aussi poursuivis pour des affaires de mœurs. Le journaliste Omar Radi a été condamné à six ans de prison ferme pour “viol” et “espionnage”. Le fondateur du quotidien arabophone Akhbar al Yaoum Taoufik Bouachrine a lui aussi été condamné à 15 ans de prison pour des violences sexuelles qu'il a toujours niées.
Le Maroc occupe le 136e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.