Depuis le 28 septembre dernier, des milliers de Hongkongais manifestent pacifiquement devant le quartier général du gouvernement central pour demander davantage de libertés démocratiques ainsi que la démission de l’actuel chef de l’exécutif, CY Leung.
La plupart des
médias hongkongais ont retranscrit sans fard et en temps réel l’ampleur de ces manifestations, contrairement aux médias chinois qui ont choisi de ne pas les couvrir. Plus regrettable encore, une partie des médias étrangers les ont occultées, du moins dans un premier temps. Le 28 septembre, Reuters et le Wall Street Journal ont fait de ces événements majeurs la Une de leur version en ligne anglaise, tout en faisant abstraction de ces mêmes faits dans la version chinoise. Le Wall Street Journal
a finalement couvert les événements dans sa version chinoise, vingt-quatre heures après le début des manifestations à Hong Kong, alors que l’agence Reuters est restée silencieuse sur le sujet pendant au moins quarante huit heures.
En réponse à l’article de Greatfire.org, le rédacteur en chef du Wall Street Journal
Gerard Baker et la rédactrice en chef du service chinois
Li Yuan ont démenti, via Twitter, toute autocensure du journal, listant une série d’articles publiés en septembre. Greatfire.org n’a reçu aucune réponse de la part de Reuters.
“L’autocensure rampante des médias étrangers couvrant l’archipel nous inquiète au plus haut point car elle traduit un renforcement de la mainmise du régime sur un canal d’information que l’on pourrait penser moins vulnérable à l’ingérence des autorités locales, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. C’est une tendance observée depuis plusieurs années. Aux témoignages des journalistes hongkongais sur l’autocensure en vigueur dans leurs rédactions, s’ajoute un nombre croissant de décisions éditoriales de médias étrangers, pour le moins surprenantes, et qui résultent pour la plupart de la pression constante de Pékin. Les médias étrangers ne doivent pas céder au chantage des autorités chinoises et au contraire être les fers de lance de la résistance à la censure”
Malgré le
blocage par les autorités chinoises de l’application de partage de photos Instagram, de certains mots clefs sur Weibo et la supression de nombreux posts, commentaires et autres blogs, les images du mouvement “Occupy Central” ont quand même atteint le continent. Évidemment, l’information avait entre temps été refondue : les manifestants étaient présentés comme une poignée d’extrémistes troublant l’ordre public, voire un simple rassemblement en prévision de la fête nationale chinoise se tenant le 1er octobre. Les activistes ont su faire preuve d’inventivité pour contourner cette censure, utilisant des mots alternatifs tels que “Umbrella Revolution”, pour remplacer ceux bloqués par Pékin. L’application FireChat, quant à elle, aurait été téléchargée plus de 100 000 fois en 24 heures, ce succès étant dû à son système décentralisé qui empêche toute censure.
Le statut administratif particulier de Hong Kong permet à Pékin de maintenir une certaine emprise. Les élections au suffrage universel qui avaient été promises à Hong Kong, et qui devaient mettre fin à l’intervention chinoise dans les affaires de politique interne, semblent de plus en plus hors de portée. Cette
répression croissante participe à la
dégradation de la liberté de la presse dans la cité capitaliste.
Hong Kong est à la 61e place sur 180 dans le
Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.