Loi sur l’espionnage : l’administration Trump poursuit un troisième lanceur d’alerte
Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de l’arrestation, le 9 mai 2019, d’un ex-fonctionnaire accusé d’avoir transmis à un média des informations confidentielles sur les drones de combat. S’il est trouvé coupable, il risque jusqu’à 50 ans de prison.
Daniel Hale, un ancien analyste de la NSA (Agence de sécurité nationale américaine), et de l’Agence nationale de l’intelligence géospatiale, a été arrêté le 9 mai dernier et inculpé par une cour fédérale de cinq crimes relatifs à la divulgation d’informations classifiées. C’est la troisième fois que l’administration Trump poursuit un lanceur d’alerte en invoquant la loi sur l’espionnage (Espionnage Act).
«La poursuite d’individus comme Daniel Hale au nom de la loi sur l’espionnage est une menace directe contre le journalisme d’investigation, qui doit souvent s’appuyer sur des lanceurs d’alerte pour divulguer des informations d’intérêt public», explique Sabine Dolan, directrice par intérim de RSF Amérique du Nord.«Les lanceurs d’alerte doivent être protégés davantage et le recours quasi systématique à la loi sur l’espionnage contre les lanceurs d’alerte doit cesser.»
Bien que le nom du reporter avec qui Daniel Hale a partagé les informations ne soit pas cité dans l’acte d’accusation, sa description correspond à celle de Jeremy Scahill, l’un des fondateurs du site d’investigation The Intercept. Selon l’acte d’accusation, Daniel Hale a rencontré Jeremy Scahill en 2013 dans une librairie de Washington où le journaliste faisait la promotion de son livre. À partir de 2014, Daniel Hale a partagé avec Jeremy Scahill plusieurs douzaines de documents, dont 11 étaient classifiés et portaient sur le programme américain de drones de combat.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump, deux lanceurs d’alerte, l’ancien contractuel de la NSA Reality Winneret l’agent du FBI Terry Alburyont été jugé et condamné pour avoir violé la loi sur l’espionnage, un texte datant de la Première Guerre mondiale. L’administration Obama avait également poursuivi huit lanceurs d’alerte en son temps, soit un nombre bien supérieur à celui de toutes les administrations précédentes combinées.
Dans l’index 2019 de RSF sur la liberté de la presse dans le monde, les États-Unis se classent 48e sur 180 pays après avoir perdu trois places par rapport à l’an passé.