Libération de deux journalistes iraniens
Organisation :
Saïd Aboutaleb et Soheil Karimi, deux réalisateurs de documentaires de la chaîne de télévision publique iranienne IRIB (Islamic Republic of Iran Broadcasting), ont été libérés, le 3 novembre, après avoir été détenus en Irak pendant quatre mois par l'armée américaine, qui les soupçonnait d'espionnage. Ils avaient été arrêtés par les forces américaines, le 1er juillet, alors qu'ils filmaient une base américaine au sud de Bagdad.
Les deux journalistes ont été accueillis à la frontière, à un point de passage proche de Bassorah, dans le sud de l'Irak, par des membres de leurs familles et des responsables de la télévision d'Etat iranienne.
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31.07.2003
Détention de deux journalistes iraniens et intimidations d'autres journalistes étrangers
L'attitude des soldats américains envers la presse se dégrade. Les confiscations de matériel, les interpellations de journalistes et les accrochages entre des journalistes et des soldats américains se sont multipliés ces derniers jours en Irak. Par ailleurs, depuis le 1er juillet, Saïd Aboutaleb et Soheil Karimi, deux journalistes iraniens de la chaîne de télévision publique IRIB, sont détenus par les forces de la coalition pour avoir " enfreint la sécurité " de l'Irak.
Reporters sans frontières demande à l'administrateur en chef américain en Irak, Paul Bremer, des explications sur la détention de ces deux journalistes. " Si les forces de coalition peuvent prouver qu'ils ont enfreint la sécurité de l'Irak, qu'elles nous fournissent des éléments convaincants. Sinon, qu'elles les relâchent immédiatement ", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Cette dernière s'inquiète, en outre, de la dégradation des conditions de travail de journalistes et des déclarations récentes de Paul Wolfowitz, le numéro deux du Pentagone, qui a accusé les chaînes arabes satellitaires, Al Jazira et Al Arabiya, de diffuser des reportages incitant à la violence contre les troupes américaines.
Selon le chef du bureau de IRIB à Bagdad, Gholem Reza Kutchak, le
1er juillet, une équipe, composée de Saïd Aboutaleb et Soheil Karimi, journalistes iraniens de la deuxième chaîne de la télévision publique iranienne, ainsi que d'un interprète et un chauffeur irakiens, a été arrêtée par des soldats américains et emmenée vers le QG de l'armée américaine à Diwaniah. Elle travaillait sur un documentaire dans les régions de Kout et Diwaniah (Sud). Le 7 juillet, des soldats américains se sont rendus à l'hôtel où logeaient les journalistes iraniens à Kerbala et ont emporté leurs affaires. Le 15 juillet, le consul iranien à Bagdad a été informé par les forces américaines que l'équipe avait été transférée au centre de détention de l'aéroport de Bagdad.
Selon un porte-parole de la coalition américano-britannique, ces deux journalistes " ont été arrêtés pour avoir enfreint la sécurité " de l'Irak, le 1er juillet. " Ils affirment être journalistes mais au moment de leur arrestation, ils n'agissaient pas comme des journalistes ", a-t-il ajouté.
Le 27 juillet 2003, le journaliste Kazutaka Sato, de la chaîne de télévision Nippon Television Network Corp., a été frappé et détenu pendant une heure par des soldats américains jusqu'à ce que des journalistes étrangers soient venus aux nouvelles. Il a été jeté à terre et a reçu des coups de pieds après avoir filmé un raid de l'armée américaine dans le quartier Al-Mansour, à Bagdad. Cinq civils ont été tués dans cette attaque contre une maison où l'armée américaine pensait trouver l'ancien président Saddam Hussein. Sa caméra lui a été rendue. "Je suppose qu'ils avaient quelque chose à cacher pour vouloir nous empêcher de faire notre travail, peut-être les corps de civils", a expliqué Kazutaka Sato.
D'après le journal Al-Adala, émanation du principal parti chiite irakien, ses bureaux à Bagdad auraient récemment été saccagés par les forces américaines.
Le 26 juillet, quatre journalistes turcs, Yalçin Dogan, Özdemir Ince, Faruk Balikiçi et Ferit Aslan ont été interpellés pendant une heure et demie à Bagdad par des soldats américains. Ils ont pu récupérer leur matériel mais les photos des soldats prises par leur appareil numérique avaient été effacées.
Le 26 juillet, le reporter d'Al-Jazira à Mossoul, Nawaf Al-Chahwani, et son chauffeur ont été détenus par des soldats américains à Mossoul. Ils ont été libérés, dans la nuit du 27 au 28 juillet, mais leur film aurait été confisqué. Le 22 juillet déjà, la police irakienne avait brièvement détenu une équipe de quatre personnes d'Al-Jazira alors qu'elle filmait des manifestations anticoalition. D'après la chaîne, les policiers irakiens avaient procédé à ces arrestations à la demande de l'armée américaine.
Le lendemain, sur la chaîne privée américaine Fox News, le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, a accusé les deux chaînes arabes satellitaires, Al Jazira et Al Arabiya, de diffuser des " reportages faux et de parti pris qui ont pour effet d'inciter à la violence " à l'encontre les troupes américaines. Ces deux chaînes ont protesté contre ces accusations.
Dans un rapport intitulé " Les médias irakiens trois mois après la guerre : Une liberté nouvelle mais fragile ", publié le 23 juillet, Reporters sans frontières émettait quelques inquiétudes quant aux interprétations abusives que pouvait recevoir le décret sur les " médias hostiles ", adopté début juin, par Paul Bremer.
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20.01.2016