L'hebdomadaire Shacab est, une fois de plus, la cible des autorités du Puntland
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Reporters sans frontières exprime son incompréhension face à l'entêtement des autorités de la région du Puntland (nord-est de la Somalie), après l'interpellation du rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé Shacab, lequel avait déjà fait l'objet d'une suspension le 5 mai 2005.
« Lorsque Shacab avait été frappé d'une mesure de suspension temporaire, nous en avions appelé au président somalien et ancien président de la région autonome du Puntland, Abdullalhi Yusuf Ahmed, a déclaré Reporters sans frontières. A notre grand regret, notre appel n'avait pas été entendu et le harcèlement visant le journal a continué. Pour faire la preuve qu'il entend faire de la Somalie un pays où la liberté de la presse est respectée, le président Yusuf doit au plus vite ordonner la libération du rédacteur en chef de Shacab et la levée de la suspension de l'hebdomadaire. Si la région qu'il présidait devait devenir une zone de non-droit pour les journalistes, la crédibilité des institutions de transition serait gravement endommagée. »
Le 19 juin 2005 aux alentours de 21 heures 30, les forces de police de la région autonome du Puntland (nord-est de la Somalie) ont arrêté et incarcéré Abdi Farah Nur, rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé Shacab, à la prison de la capitale, Garowe.
Le même jour dans la matinée, des sources locales à Galkayo (à l'ouest du pays) ont déclaré qu'Abdi Farah Nur avait été menacé à plusieurs reprises lors de la cérémonie d'inauguration de la 14e session du Parlement. Le ministre des Finances, Mohamed Ali Yusuf, avait ainsi interpellé le rédacteur en chef pour lui signifier que l'imprimerie de Shacab serait nationalisée et qu'il serait jeté en prison pour cinq ans.
Peu après, alors qu'Abdi Farah Nur prenait des photos de la cérémonie, des policiers lui ont ordonné de les suivre jusqu'au commissariat. Sur place, les agents lui ont affirmé détenir des informations laissant penser que Shacab, interdit temporairement de publication depuis un décret présidentiel du 5 mai, allait reparaître. Les policiers lui ont donc demandé de signer une déclaration certifiant qu'il s'engageait à ne pas republier son journal, ce qu'il a refusé de faire. Finalement relâché et de retour à la rédaction, Abdi Farah Nur a fait reparaître son journal.
En fin de soirée, deux officiers envoyés par le colonel Abdi Gaani, chef de la police de Garowe, se sont rendus dans les bureaux de Shacab et ont occupé la rédaction. Ils ont ordonné au rédacteur en chef de les suivre jusqu'au poste de police de Garowe, où il est actuellement détenu. Parallèlement, deux employés d'une imprimerie qui appartient à la même société que Shacab ont également été arrêtés le 19 juin, puis relâchés dans la nuit.
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Updated on
20.01.2016