Le Comité de soutien à Raúl Rivero demande aux chefs d'Etats présents au Sommet ibéroaméricain qui se tient à Santa Cruz (Bolivie), les 14 et 15 novembre 2003, d'intervenir auprès du gouvernement cubain en faveur de la libération des prisonniers politiques.
Messieurs les Présidents,
Dans la Déclaration finale du précédent sommet ibéro-américain qui s'est tenu en novembre 2002 à Saint-Domingue (République dominicaine), vous avez réaffirmé votre souci d'encourager "la promotion et la protection des droits de l'homme".
Depuis l'adoption de ce texte, à Cuba, 75 journalistes, militants des droits de l'homme, syndicalistes, bibliothécaires, militants politiques, ont été arrêtés et condamnés à des peines allant jusqu'à 28 ans de prison. Leurs actions visaient à "consolider une culture démocratique et l'Etat de droit", objectif affiché du Sommet ibéro-américain dans la Déclaration de Saint-Domingue.
Parmi eux, le journaliste et poète Raúl Rivero. Arrêté le 20 mars 2003, il a été condamné le 7 avril à 20 ans de prison, après un procès sommaire au cours duquel son droit à la défense a été bafoué. Accusé d'"atteinte à l'intégrité territoriale et à l'indépendance de l'Etat", Raúl Rivero s'est défendu en déclarant : "Je ne conspire pas, j'écris". Alors que seule la presse officielle est autorisée à Cuba, on lui reproche d'avoir publié ses articles à l'étranger. Il lui est également reproché d'avoir rencontré des diplomates américains à La Havane. Aucun acte qui relève du code pénal dans une démocratie.
Parmi les preuves à charge présentées par l'accusation : "une radio de marque Sony, un magnétophone, un chargeur de batteries numérique, une machine à écrire, un ordinateur portable de marque Samsung avec tous ses accessoires, plusieurs cassettes audio et vidéo renfermant des informations visant à détruire le système économique, politique et social cubain (...)".
Raúl Rivero n'est pas une exception. Selon l'association cubaine des droits de l'homme Comisión Cubana de Derechos Humanos y Reconciliación Nacional (CCDHRN), les arrestations de mars dernier portent à plus de 300 le nombre des prisonniers politiques sur l'île.
Alors que débute un nouveau sommet ibéro-américain, notre comité vous appelle à respecter vos propres engagements et à placer les droits de l'homme au centre de vos préoccupations. Un sujet auquel, nous en sommes sûrs, plusieurs d'entre vous qui ont eu à souffrir de la répression de régimes autoritaires seront sensibles.
Notre comité s'inquiète que ni le président brésilien Luis Inácio Lula da Silva, ni le ministre des Affaires étrangères argentin Rafael Bielsa qui se sont rendus dernièrement à La Havane n'aient rencontré les familles de ces dissidents emprisonnés.
A tous, nous demandons d'intervenir en faveur de la libération des prisonniers politiques auprès du vice-président cubain, Carlos Lage, qui représente son gouvernement à Santa Cruz. Notre comité vous demande également de condamner leur incarcération dans la prochaine déclaration finale. Le Sommet ibéroaméricain se doit de défendre les valeurs qu'il prétend incarner.
Certain que vous ne resterez pas insensible à cet appel, nous vous prions d'agréer, Messieurs les Présidents, l'expression de notre haute considération.
Jorge Semprun, écrivain, président du Comité de soutien à Raúl Rivero
Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières
Jorge Masetti et Ileana de la Guardia, association Sin Visa
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