L'escalade sécuritaire et les pesanteurs bureaucratiques au cœur du calvaire de la presse mexicaine
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Reporters sans frontières rend public, ce 28 septembre, le rapport tiré de sa dernière mission effectuée au Mexique du 4 au 12 juillet 2009. La publication de ce document coïncide avec la tenue d’une conférence de presse de l’organisation à Washington, au cours de laquelle interviendra notamment Emilio Gutiérrez Soto, journaliste mexicain exilé aux États-Unis et en attente de statut de réfugié (voir la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=dozePsuxF8I&feature=related ).
Avec 55 journalistes assassinés et huit disparus depuis 2000, en lien avéré ou probable avec leur activité professionnelle, le Mexique se classe au rang de pays le plus dangereux du continent pour la liberté de la presse. L’instauration, en février 2006, d’un parquet spécial chargé de lutter contre les crimes commis envers les journalistes, n’a malheureusement rien changé à cette donne ni permis de faire reculer l’impunité.
En conduisant cette nouvelle mission, Reporters sans frontières a justement voulu comprendre les mécanismes du système judiciaire mexicain et ses blocages, à l’appui du traitement de plusieurs affaires récentes. La délégation, emmenée par le secrétaire général de l’organisation, Jean-François Julliard, a notamment pu s’entretenir avec le numéro deux du gouvernement fédéral, le ministre de l’Intérieur Fernando Francisco Gómez-Mont Urueta.
Le constat dressé à l’issue de cette mission est malheureusement accablant pour les autorités, aussi bien locales que fédérales. La passivité, la négligence ou la neutralisation mutuelle d’institutions en surnombre dédiées à la défense de la liberté de la presse à tous les niveaux de pouvoir (exécutif, parlementaire et judiciaire), ne sont pas seules en cause dans la perpétuation du calvaire de la presse mexicaine. Les autorités sont également complices, voire responsables, de graves violations des droits de l’homme, dont celui d’informer. L’ampleur du drame tient non seulement à l’infiltration du crime organisé dans certains rouages du pouvoir, mais aussi à la surenchère sécuritaire alimentée par l’offensive militaire contre les cartels de la drogue, lancée en décembre 2006.
Le bilan de cette guerre qui ne dit pas son nom s’élève désormais à près de 14 000 victimes en deux ans. L’offensive fédérale a pris racine dans les États du Michoacán et du Guerrero, deux étapes majeures de la mission, où la plaie du narcotrafic et de la violence extrême sévit tout autant qu’à la frontière avec les États-Unis.
Reporters sans frontières veut croire à une refonte en profondeur du système judiciaire mexicain et à d’importantes modifications législatives concernant la presse, qu’elle appelle de ses vœux en conclusion du rapport. L’organisation reste néanmoins convaincue qu’aucune solution à la tragédie mexicaine n’est envisageable sans la contrepartie décisive des États-Unis en matière de contrôle des armes.
Publié le
Updated on
20.01.2016