Les policiers responsables des détentions de journalistes à Ferguson doivent être sanctionnés
Au moins 15 journalistes ont été arrêtés abusivement lors des affrontements entre la police et les manifestants survenus après la mort de Michael Brown, abattu par un policier à Ferguson, dans le Missouri, le 9 août 2014.
Alors que la ville de Ferguson est en proie depuis deux semaines à des émeutes après le meurtre d’un jeune noir par un policier blanc, la répression policière continue de s’abattre sur les journalistes. La détention arbitraire de Wesley Lowery du Washington Post et de Ryan J. Reilly du Huffington Post, le 13 août 2014, initialement perçue comme une exaction isolée engendrée par des dérives dans les manifestations, a été suivie d’au moins 13 arrestations de journalistes, dont trois Allemands et un Turc, menottés de manière systématique. Le photojournaliste freelance du Cincinnati Herald, Coulter Loeb, est le dernier en date à avoir été placé en état d’arrestation pendant près de 6 heures, dans la nuit du 19 au 20 août. Les journalistes sont également soumis à la brutalité policière. Selon le correspondant de Al-Jazeera Ash-har Quraishi, son équipe a été délibérément visée par des jets de gaz lacrymogène.
"Reporters sans frontières demande instamment que les policiers responsables de détentions arbitraires de journalistes pendant leur couverture des manifestations soient sanctionnés, déclare Camille Soulier, responsable du Bureau Amériques de l’organisation. Les arrestations de journalistes au motif qu’ils couvrent les émeutes sont en violation flagrante tant des textes internationaux que de la Constitution américaine. Une enquête doit être diligentée afin d’identifier les agents ayant délibérément agressé ou menacé des professionnels de l’information. Si les autorités ne prennent pas de mesures fortes contre les manquements des policiers, les arrestations abusives pourraient continuer.”
Une résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations unies adoptée en mars 2014 demande aux États “d’accorder une attention particulière à la sécurité des journalistes et des professionnels des médias qui couvrent les manifestations pacifiques”. Le 15 août dernier, l’Union américaine des libertés civiles (ACLU) et les autorités policières ont signé un accord selon lequel “les parties prenantes reconnaissent et s’accordent sur le fait que les médias et le public ont le droit de couvrir les évènements publics sans entraves, à moins que cela ne constitue un obstacle aux activités ou ne menace la sécurité d’autrui, ou n’interfère avec le travail des forces de l’ordre”. Un tel accord ne devrait pas être nécessaire dans le pays du Premier amendement, cependant, ce texte doit servir de rappel. Reporters sans frontières est cosignataire, avec une quarantaine de médias, d’une lettre à l’initiative du Reporters Committee for Freedom of the Press, demandant aux autorités policières de l’État du Missouri de respecter le travail des journalistes.
Une liste des journalistes arrêtés dans la banlieue de St Louis à ce jour est disponible sur le site de la Press Freedom Foundation.
Les États-Unis sont 46ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières, et ont perdu 13 places par rapport à l’édition 2013.