Les médias sous pression en République autonome d'Adjarie
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Reporters sans frontières est préoccupée par les pressions exercées sur les médias dans la République autonome d'Adjarie. En une semaine, plusieurs journalistes ont été pris à partie, agressés ou empêchés de faire leur travail dans cette région où l'état d'urgence a été prononcé le 7 janvier 2004. Les autorités de la région refusent en effet de reconnaître, depuis le départ d'Edouard Chevardnadze, l'autorité de Nino Bourdjanadze, la présidente par intérim en attendant la prise de fonctions de Mikhaïl Saakachvili, élu le 2 janvier.
L'organisation a demandé à Aslan Abachidze, Président de la République d'Adjarie, de tout mettre en œuvre pour que les journalistes puissent exercer leur métier dans des conditions normales et que les responsables des violences et entraves à leur égard soient identifiés et sanctionnés.
Le 13 janvier, à Batoumi (capitale de la République autonome d'Adjarie), une quinzaine d'inconnus ont frappé le cameraman de la chaîne de télévision Imedi, Davit Gogitauri, et pris sa caméra. Ce dernier s'apprêtait à interviewer un homme qui venait d'être agressé après avoir étendu à sa fenêtre le drapeau traditionnel géorgien, symbole du parti du Mouvement national du nouveau président Mikhaïl Saakachvili.
Dans l'après-midi du 11 janvier, dans le village de Gonio (sud de l'Adjarie), une quinzaine d'hommes habillés en noir ont frappé les journalistes Mzia Amaglobeli et Eter Turadze, du magazine Batumelebi, confisqué et endommagé la caméra de Diana Trapaidze, de la chaîne de télévision Imedi, et confisqué le matériel vidéo de Nestan Checkhladze, de la chaîne de télévision indépendante
Rustavi 2. Les journalistes ont été attaqués alors qu'ils couvraient une manifestation en faveur de Mikhaïl Saakachvili.
Tard dans la soirée du 10 janvier, à Batoumi, Diana Trapaidze, de la chaîne Imedi, et Nestan Checkhladze, de la chaîne de télévision indépendante Rustavi 2, avaient déjà été pris à partie par des policiers qu'ils filmaient en train de déchirer des posters du mouvement Kmara. Ce mouvement était à la pointe de la contestation pendant la "révolution des roses", qui a vu la démission sans violence du président Edouard Chevarnadze et la prise du pouvoir par l'opposition après les élections législatives du 2 novembre 2003. Les policiers ont accusé les deux journalistes de faire de la publicité pour Kmara.
Le jounaliste Tedo Jorbenadze, du magazine Batumelebi, également présent sur les lieux, a été frappé par des policiers. Les trois journalistes ont été détenus pendant moins d'une heure et relâchés à la suite de l'intervention d'un ancien député du parlement adjare, Aslan Smirba, et de l'attaché de presse du ministère de l'Intérieur, Davit Gergedava.
Dans la nuit du 7 et le 8 janvier, le journaliste de la chaîne de télévision indépendante Rustavi 2, Irakli Shetciruli, a été empêché de passer la frontière administrative de la République autonome d'Adjarie à Choloki par les autorités d'Adjarie. Un représentant des forces de l'ordre a déclaré au journaliste, sur un ton sarcastique, que sa télévision avait fait la révolution en Géorgie et lui a demandé s'il comptait faire la même chose en Adjarie. Le ministère de l'Intérieur adjare a affirmé que, puisque la République autonome était en état d'urgence, ce refus n'avait rien d'illégal. Le journaliste venait réaliser un reportage sur l'arrestation de membres du mouvement Kmara.
Reporters sans frontières rappelle que la chaîne de télévision indépendante Rustavi 2 est interdite de diffusion en Adjarie depuis le 25 novembre 2003. Les autorités de la République autonome ont commencé à critiquer la chaîne avec virulence le jour des élections législatives, après l'annonce à l'antenne d'un sondage selon lequel l'Union du Renouveau, le parti d'Aslan Abachidze, obtenait de piètres résultats. La chaîne a largement retransmis les manifestations qui ont suivi les élections et qui demandaient le départ du président Chevardnadze et d'Aslan Abachidze.
Publié le
Updated on
20.01.2016