Victime de raids de la police, empêché de paraître, le journal Haatuf n'aura pas été épargné par les autorités du Somaliland cette année. Son fondateur et son rédacteur en chef viennent d'être condamnés abusivement à de la prison ferme.
Reporters sans forntières est soulagée d'apprendre que les deux journalistes du journal
Haatuf,
Yusuf Abdi Gabobe et
Ahmed Igeh ont fait l'objet d'une grâce du Président du Somaliland le 13 juillet 2014 et ont été libérés le même jour. L'organisation exhorte les autorités de cette région autonome à poursuivre sur ces bonnes dispositions et cesser de harceler les journalistes travaillant dans la région.
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25.06.14
Yusuf Abdi Gabobe, fondateur et propriétaire du journal
Haatuf, et son rédacteur en chef en langue somali,
Ahmed Ali Egeh, ont été condamnés le 25 juin 2014 par la Cour d'Hargeisa, à trois ans de prison et 25 millions de shillings somalilandais (4000 USD) chacun pour "diffamation" et "publication de fausses nouvelles". La licence du groupe Haatuf Media Network qui publie
Haatuf et également le
Somaliland Time en anglais, a été révoquée au cours du même procès. Selon les témoins, les journalistes n'ont pas eu accès à un avocat pendant le procès.
«
Le gouvernement du Somaliland bafoue ses propres lois en condamnant ces journalistes alors que les délits de presse ne sont plus assortis de peines de prison dans le pays. Ces condamnations battent un record d'absurdité, a déclaré Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières.
Il s'agit tout bonnement d'une chasse aux journalistes qui n'ont pourtant fait que leur travail d'information. Cette condamnation est à tous points de vue illégale. En conséquence, nous demandons l’annulation du verdict de la Cour d’Hargeisa.»
Les deux journalistes avaient été
arrêtés une première fois le 11 mai 2014, puis libérés sous caution 17 jours plus tard. Le 14 juin, Yusuf Abdi Gabobe avait été réincarcéré. Selon les informations disponibles, Ahmed Ali Egeh se cache depuis l'énoncé du verdict. Le journal
Haatuf avait été
suspendu en avril 2014 après la publication d’articles mettant en lumière les malversations du ministre de l’Energie et du ministre de l’Intérieur.
La Somalie occupe la 176ème place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse de 2014 établi par Reporters sans frontières.