Les autorités rétablissent-elles dans les faits la censure préalable ?
Organisation :
Reporters sans frontières demande au nouveau gouvernement jordanien d'abandonner des pratiques qui, bien que la censure préalable n'ait officiellement plus cours dans le pays, visent à contrôler et censurer l'ensemble des médias.
"Il est encore trop tôt pour juger si la récente suppression du ministère de l'Information en Jordanie va permettre à la presse jordanienne de gagner sa véritable indépendance", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Malheureusement, les autorités jordaniennes sont coutumières des effets d'annonce et ce nouveau cas de censure de l'hebdomadaire Al-Wehda, pour la seconde fois en deux mois, augure mal d'une amélioration notable dans le domaine de la liberté de la presse. Le ton unanimement élogieux des articles sur la formation du nouveau cabinet fait peser quelques doutes sur la rhétorique pro-démocratique et moderniste du Roi Abdallah II. Autocensure, respect des lignes rouges, suspensions ou fermetures de journaux, arrestations de journaliste et condamnations à des peines de prison ferme pour des délits de presse ont probablement encore de beaux jours devant eux en Jordanie."
Une caricature représentant le nouveau Premier ministre jordanien, Fayçal Al-Fayez, et d'autres membres du cabinet formé le 25 octobre 2003 a été interdite avant publication, d'après l'hebdomadaire Al-Wehda, victime de cette censure. "Les autorités jordaniennes ont vu la caricature à l'imprimerie (…)", a déclaré Mowafak Mahaddine, responsable de la rédaction d'Al-Wehda. "Ils nous ont sommé de la retirer sinon notre journal ne serait pas imprimé. Nous l'avons alors remplacée par une autre traitant le conflit israélo-palestinien."
Fin septembre, un numéro du même hebdomadaire avait été interdit d'impression sur ordre du procureur de la Cour de sûreté de l'Etat qui avait été informé de son contenu alors que le journal se trouvait encore à l'imprimerie. Il est en effet courant que des "informateurs" postés dans les imprimeries - semi-gouvernementales - vérifient le contenu des publications. Trois journalistes ont été incarcérés cette année pour des délits de presse en Jordanie.
Publié le
Updated on
20.01.2016