Le Procureur général de la République attaque l’hebdomadaire Sol en justice et demande 360 000 euros de dommages et intérêts.
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Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté la plainte déposée le 10 mars 2011 par le Procureur général de la République, Fernando Pinto Monteiro, contre l’hebdomadaire Sol, son directeur José António Saraiva et deux de ses journalistes pour atteinte à sa “crédibilité, à sa réputation et à son droit à l’image”. L’action intentée à titre personnel devant une juridiction civile concerne un article publié en Une de l’édition du 26 février 2010 de Sol par les journalistes Ana Paula Azevedo et Felícia Cabrita, suggérant qu'un membre du cabinet du procureur aurait prévenu des personnes suspectées dans le procès Face Oculta qu’elles se trouvaient sous écoutes. Fernando Pinto Monteiro a qualifié l’article de Sol de « sous-enquête » et exige 360 000 euros de dommages et intérêts.
« La plainte déposée par Fernando Pinto Monteiro est incompréhensible et totalement infondée. Alors que personne n’est directement cité dans l’article, le plus haut fonctionnaire du ministère public soutient que les suspicions que le reportage fait peser sur son institution ont nuit à sa personne et que sa photo dans l’hebdomadaire constitue une atteinte de son droit à l’image. Dans l’assignation envoyée à Sol, Fernando Pinto Monteiro affirme que la question posée en Une : “Qui a prévenu les suspects qu’ils étaient sous écoute ?” laisse supposer qu’il s’agirait du procureur général lui-même. Si Monsieur Pinto Monteiro reste bien entendu libre de ses interprétations, il ne peut les fonder sur des faits et réclamer sur cette seule base 360 000 euros aux journalistes de Sol qui ne l’ont à aucun moment incriminé. Le préjudice est inexistant et le montant des dommages totalement aberrant ».
« Nous dénonçons ce nouvel épisode dans la longue liste de pressions judiciaires auxquelles Sol a dû faire face depuis le début de sa couverture du procès “Face Oculta”. Nous sommes par ailleurs très inquiets par les déclarations du ministère public de Lisbonne qui a annoncé, le 3 mars dernier, qu’il allait poursuivre les quotidiens Correio da Manhã e Diário de Notícias pour violation du secret de l’instruction du procès “Face Oculta”. Il semble que toute enquête sur cette affaire soit devenue impossible et que la justice elle-même s’oppose à la transparence nécessaire. Les procédures juridiques intentées à répétition contre les principaux journaux du pays relèvent d’une tentative de censure dans la couverture d’un procès qui ne doit pas être soustraite à l’intérêt public ».
Plusieurs personnes mises en examen dans l’affaire Face Oculta sont des proches du Premier ministre démissionnaire José Sócrates. Reporters sans frontières avait déjà dénoncé, le 17 août 2010, l’amende record obtenue par Monsieur Rui Pedro Soares contre Sol pour ne pas avoir respecté une injonction de non publication relative aux écoutes dans lesquelles il intervenait. Condamné en première instance, Sol et les avocats de Rui Pedro Soares sont arrivés à un accord financier pour mettre fin aux poursuites en cours. Le montant de l’accord, annoncé le 2 mars 2011, n’a pas été communiqué. Nonobstant, la violation de l’injonction de non publication par Sol a déclenché des poursuites indépendantes du parquet. Ces actions ont eu pour effet de saisir certains biens personnels de José António Saraiva, dont son domicile, situation qui perdure jusqu’à présent.
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Updated on
16.10.2016